4  Conception des canalisations

4.1  Généralités

Le réseau de distribution d'eau doit permettre une alimentation des différents appareils, sans interruption.

NOTE 1

Le code de la santé publique impose une pression minimale de 0.3 bar au point le plus défavorisé de l'installation.

Le tracé des canalisations doit être aussi court que possible. Il est conçu de telle sorte que les canalisations puissent être vidangées, rincées et désinfectées.

Tous les organes de manoeuvre, de sécurité et de protection des installations doivent être facilement accessibles pour leur manipulation et leur éventuel remplacement.

Les appareils, équipements, ensembles de protection et accessoires placés sur les canalisations doivent être démontables sans dépose des canalisations.

En cas de parcours parallèle horizontal, la canalisation d'eau froide est en dessous de la canalisation d'eau chaude.

NOTE 2

La transmission des bruits dans l'air ou dans les structures relève d'une étude acoustique qui n'est pas du ressort du présent document.

4.2  Compatibilité des matériaux entre eux

Un réseau de distribution d'eau est généralement constitué de divers éléments, canalisations, vannes, robinetterie, appareils de comptage, pièces de raccord, … composés de matériaux de différentes natures.

Les matériaux utilisables sont décrits dans le NF DTU 60.1 P1-2.

NOTE

Les matériaux utilisés dans une installation d'eau destinée à la consommation humaine sont conformes à l'Arrêté du 29 mai 1997 modifié.

4.2.1  Métaux différents

Le raccordement entre de l'acier et du cuivre s'effectue par l'intermédiaire d'un raccord en laiton dont le potentiel est intermédiaire (alliage Cu/Zn) de façon à assurer une liaison cuivre/laiton puis laiton/acier.

La liaison directe entre des tubes de cuivre et des tubes ou des pièces en acier inoxydable est autorisée.

NOTE 1

Chaque métal, en présence d'électrolyte (liquide conducteur de l'électricité) possède un potentiel électrochimique qui lui est propre.

NOTE 2

Lorsque deux métaux sont mis en contact direct, ou en présence d'un fluide conducteur, il se crée un couple électrochimique, le métal le plus noble sera protégé alors que moins noble sera oxydé (voir Tableau 1)

Tableau 1  Échelle des potentiels des principaux métaux

4.2.2  Cas de l'acier galvanisé

Les éléments en cuivre et alliages de cuivre ne doivent pas être placés en amont des canalisations en acier galvanisé.

Ne sont pas visés par cette règle générale :

  • les appareils de robinetterie et de comptage :

  • les pièces de raccordement :

  • les métaux d'apport des soudo-brasures.

Le raccordement d'un tube en cuivre à un réseau galvanisé ne doit pas se faire par brasage ou soudo-brasage direct. Une pièce intermédiaire est nécessaire pour assembler le tube en acier galvanisé et le tube de cuivre.

L'association de canalisations en cuivre et en acier galvanisé n'est pas admise dans les boucles de circulation d'eau chaude sanitaire.

Les tubes en acier galvanisé ne doivent pas être parcourus par de l'eau à une température supérieure à 60 °C.

Si l'eau chaude est produite à une température supérieure à 60 °C, un dispositif abaisseur de température doit être interposé. Ce dispositif doit être placé le plus près possible de l'appareil de production d'eau chaude et dans le même local. Il peut toutefois être placé dans un local contigu à condition que la longueur développée de la tuyauterie reliant l'appareil de production d'eau chaude et l'abaisseur de température ne dépasse pas 15 m.

4.3  Protection des réseaux d'alimentation en eau

Les réseaux intérieurs doivent être équipés de dispositifs de protection conformément à la norme NF EN 1717 pour prévenir la pollution de l'eau potable.

Les réseaux sont classés en plusieurs types :

  • RT1 : réseau d'eau destinée à la consommation humaine ou réseau sanitaire

    • RT1a : eau froide sanitaire – partie collective (réseau type partant du compteur)

    • RT1b : eau froide sanitaire – partie privative (piqué sur RT1a)

    • RT1c : eau chaude sanitaire – partie collective (piqué sur RT1a)

    • RT1d : eau chaude sanitaire – partie privative (piqué sur RT1a, RT1b ou RT1c)

    • RT1e : eau traitée pour des usages particuliers occasionnant une exposition humaine directe (piscine, dialyse) ou indirecte (stérilisation, four vapeur) – non visé par le présent document

  • RT2 : réseau d'eau destinée à des usages techniques (remplissage des circuits de chauffage ou climatisation), ainsi qu'au lavage et/ou l'arrosage lorsqu'il est fait appel à des robinets de puisage

  • RT3 : réseau d'eau destinée à la protection incendie – non visé par le présent document

  • RT4 : réseau d'eau destinée à l'arrosage par hydrant sur le sol ou enterré – non visé par le présent document

  • RT5 : réseau d'eau destiné à des activités spécifiques (type industriel, buanderie, portique de lavage…) – non visé par le présent document

La Figure 1 donne un exemple d'organisation type de réseau.

Figure 1  Exemple d'organisation type de réseau avec réseau stagnant

NOTE 1

NE désigne la protection au niveau équipement, NP la protection au niveau piquage et NB la protection au niveau branchement.

Les équipements raccordés à un réseau RT1 ou RT2 et dont la conception n'intègre pas la protection doivent être équipés d'un dispositif de protection selon la norme NF EN 1717.

NOTE 2

Peuvent être concernés par exemple les adoucisseurs, les productions d'eau chaude, les chaudières.

À chaque piquage sur un réseau d'eau destinée à la consommation humaine (RT1) et destiné à un autre usage (RT2, RT4 ou RT5) ou un usage spécifique (RT1e), un ensemble de protection EA doit être installé au plus près du piquage à une distance inférieure ou égale à 3 m.

À chaque piquage sur un réseau d'eau collectif (RT1a ou RT1c) et destiné à un usage privatif (RT1b ou RT1d), un ensemble de protection EA doit être installé au plus près du piquage à une distance inférieure ou égale à 3 m.

EXEMPLE

Une chambre d'hôtel, une chambre d'EHPAD, une cellule sanitaire, sont considérées comme des parties privatives.

NOTE 3

Les documents particuliers du marché (DPM) précisent le niveau de protection à installer au niveau du branchement.

4.4  Limitation des effets du gel

Les canalisations de distribution d'eau doivent être protégées contre les effets du gel selon au moins un des principes suivants :

  • le choix du parcours (maintien hors gel) :

  • le calorifugeage des tuyauteries.

NOTE

Il est possible de mettre en place un traçage électrique par rubans chauffants avec calorifuge.

Lorsque les canalisations sont enterrées, elles doivent être placées à une profondeur suffisante afin d'assurer la mise hors gel. En cas d'impossibilité technique, elles doivent être calorifugées.

4.5  Maintien en température

4.5.1  Réseau d'eau froide

En cas de calorifugeage, l'eau froide et l'eau chaude sanitaire doivent être traitées séparément.

Les canalisations situées dans les locaux où la température ambiante est fréquemment élevée (par exemple les chaufferies) doivent être calorifugées.

NOTE 1

Il est préférable de limiter les longueurs des canalisations traversant ces locaux.

Une canalisation d'eau froide en acier galvanisé, installée dans une gaine, une galerie technique non ventilée, derrière un faux plafond non ventilé ou dans un vide sanitaire non ventilé, doit être calorifugées.

NOTE 2

Cette disposition est destinée à prévenir la condensation sur les canalisations en acier.

4.5.2  Réseau d'eau chaude

À l'exception des tubes finaux d'alimentation des points de puisage, le réseau collectif de distribution d'eau chaude sanitaire doit être maintenu en température.

Ce maintien en température est réalisé par bouclage.

NOTE

Il est possible d'utiliser des rubans chauffants.

Les parties de réseau maintenues en température doivent être calorifugées.

Dans les volumes non chauffés, les canalisations d'eau chaude sanitaire doivent dans tous les cas être calorifugées. Ce calorifugeage n'est pas obligatoire pour les canalisations encastrées, engravées ou enrobées.

NOTE 1

L'arrêté du 30 novembre 2005 précise qu'« afin de limiter le risque lié au développement des légionelles dans les systèmes de distribution d'eau chaude sanitaire sur lesquels sont susceptibles d'être raccordés des points de puisage à risque, les exigences suivantes doivent être respectées pendant l'utilisation des systèmes de production et de distribution d'eau chaude sanitaire et dans les 24 heures précédant leur utilisation : lorsque le volume entre le point de mise en distribution et le point de puisage le plus éloigné est supérieur à 3 litres, la température de l'eau doit être supérieure ou égale à 50 °C en tout point du système de distribution, à l'exception des tubes finaux d'alimentation des points de puisage. Le volume de ces tubes finaux d'alimentation est le plus faible possible, et dans tous les cas inférieur ou égal à 3 litres ».

Sur les installations collectives d'eau chaude sanitaire, un dispositif permettant de contrôler les températures doit être installé sur le départ et le retour d'eau chaude ainsi qu'au niveau des boucles les plus défavorisées hydrauliquement.

Un dispositif permettant de contrôler le débit en retour de boucle doit également être installé.

NOTE 2

Il peut s'agir par exemple d'une vanne de réglage à mesure de débit, ou d'un détecteur de débit.

4.6  Pression

Les dispositions relatives aux pressions relatives au bon fonctionnement des appareils sanitaires et aux appareils de production d'eau chaude sont traitées dans le NF DTU 60.11 P1-1.

4.7  Traitement de l'eau

4.7.1  Généralités

En fonction de la composition de l'eau et des matériaux de l'installation, il peut être nécessaire de prévoir un traitement de l'eau contre la corrosion et/ou l'entartrage.

La conception, la taille et la capacité des équipements doivent être sélectionnées en fonction du débit. Elles doivent pouvoir s'adapter aux débits de pointe.

NOTE 1

Le code de la santé publique (Art. R 1321-53) prévoit que le réseau intérieur peut comporter dans le cas d'installations collectives un dispositif de traitement complémentaire de la qualité de l'eau sous réserve que le consommateur final puisse disposer d'une eau froide non soumise à ce traitement complémentaire.

NOTE 2

Il existe différents outils (graphiques ou informatiques) permettant au maître d'oeuvre d'estimer les risques d'entartrage et de corrosion à partir d'une analyse de l'eau.

4.7.2  Protection contre la corrosion

En complément des exigences du 4.2, il peut être nécessaire pour les installations en acier galvanisé de prévoir un traitement de lutte contre la corrosion.

4.7.2.1  Réseau d'eau froide

Dans le cadre fixé par le code de la santé publique, une installation de distribution d'eau froide en acier galvanisée doit être protégée contre la corrosion si l'eau véhiculée, considérée à 20 °C, se trouve dans une ou plusieurs des conditions ci-dessous :

  • Résistivité inférieure à 1 500 Ω cm ;

  • Résistivité supérieure à 4 500 Ω cm ;

  • Titre alcalimétrique complet ou T.A.C. au méthylorange inférieur à 1,6 meq/l (8° f) ;

  • Oxygène dissous inférieur à 4 mg/l ;

  • CO2 libre supérieur à 30 mg/l ;

  • CO2 agressif supérieur à 5 mg/l ;

  • Calcium en Ca++ inférieur à 1,6 meq/l (8°f) (32 mg/l) ;

  • Sulfates en SO4-- supérieurs à 3,12 meq/l (15.6°f) (150 mg/l) ;

  • Chlorures en Cl- supérieurs à 2,82 meq/l (14.1°f) (100 mg/l).

4.7.2.2  Réseau d'eau chaude

Une installation de distribution d'eau chaude doit être protégée contre la corrosion si l'eau véhiculée, considérée à 20 °C, se trouve dans une ou plusieurs des conditions ci-après :

  • Résistivité inférieure à 2 200 Ω cm ;

  • Résistivité supérieure à 4 500 Ω cm ;

  • Titre alcalimétrique complet ou T.A.C. au méthylorange inférieur à 1,6 meq/l (8° f) ;

  • CO2 libre supérieur à 15 mg/l ;

  • Calcium en Ca++ inférieur à 1,6 meq/l (8°f) (32 mg/l) ;

  • Sulfates en SO4-- supérieurs à 2 meq/l (10°f) (96 mg/l) ;

  • Chlorures en Cl- supérieurs à 2 meq/l (10°f) (71 mg/l) ;

  • Sulfates et Chlorures supérieurs à 3 meq/l (15°f).

NOTE

Les procédés de traitement contre la corrosion des réseaux galvanisés font l'objet d'Avis Technique 2.

2)

Ou son équivalent dans les conditions indiquées dans l'avant-propos.

4.7.3  Lutte contre l'entartrage

Le risque d'entartrage est fonction d'une part de la qualité de l'eau (pH, TAC, TH, température) et d'autre part du mode de production d'eau chaude. Dans certains cas, il peut être nécessaire de mettre en place un équipement limitant ce phénomène d'entartrage.

NOTE

Plus la température est élevée, plus le risque d'entartrage est important.

4.7.4  Prescriptions communes aux équipements de traitement d'eau

Lorsqu'une protection antitartre et une protection anticorrosion sont prévues, celles-ci peuvent être combinées.

L'installation doit être conçue de manière à permettre le contrôle de l'efficacité des traitements. Il convient de prévoir des points d'échantillonnage en amont et en aval des équipements.

L'installation doit être conçue de manière à assurer la continuité de la distribution d'eau, si l'équipement est hors service ou débranché.

À l'exception des locaux domestiques, les équipements de traitement d'eau doivent être situés dans un local spécifique, fermé et maintenu hors gel.

L'équipement de traitement d'eau doit être muni d'un dispositif de protection contre les retours d'eau (voir NF EN 1717).

Si l'appareil de traitement d'eau comprend une phase de vidange des effluents ou s'il est équipé d'un trop plein, un dispositif de disconnexion avec une rupture de charge doit être installé conformément à la norme NF EN 1717. Le dispositif de vidange doit permettre l'évacuation du débit maximal nécessaire au nettoyage, au rinçage, à la vidange complète et au débordement éventuel.