12 Enduits sur maçonnerie ancienne
12.1 Prescriptions générales
Cet article vise les travaux d'enduit exclusivement réservés à la réfection des maçonneries anciennes de moellons, pierres naturelles, briques, éventuellement enduites et hourdées avec des mortiers de résistance réduite, ou peu cohésifs.
Cet article ne s'applique pas aux enduits sur les monuments historiques, sur les édifices implantés dans les sites faisant l'objet d'une protection patrimoniale au titre du code du patrimoine, du code de l'urbanisme ou du code de l'environnement et sur les bâtiments anciens patrimoniaux.
Cet article ne traite pas de l'exécution d'enduits sur des supports de maçonnerie en terre crue. Cette technique d'enduisage doit être adaptée aux particularités des constructions régionales et notamment de la nature des terres (adobe, pisé, torchis, etc.).
Les enduits sont réalisés avec des mortiers d'enduit de résistance mécanique réduite ≤ CS III, ou de recette selon les dosages indiqués aux paragraphes ci après.
Sur les murs intérieurs ou extérieurs présentant des traces d'humidité et sels (ex. salpêtre), l'utilisation d'un mortier d'assainissement (R) conforme à NF DTU 26.1 P1-2 (CGM) et NF EN 998-1 pour la réalisation d'un corps d'enduit se fait après curage du support.
Un enduit d'assainissement ne doit pas être recouvert d'une couche de finition présentant une perméance (μ) à la vapeur d'eau inférieure à la sienne. Les revêtements organiques d'imperméabilité, ou carrelage sont proscrits.
Les anciennes maçonneries montées au plâtre, ou au mortier de chaux et plâtre, ne doivent pas être ré-enduites avec un mortier à base de liants hydrauliques contenant des aluminates (réaction chimique expansive avec le sulfate de calcium du plâtre). Elles peuvent être rénovées selon l'article 13.
12.2 Etat et préparation du support
12.2.1 Maçonnerie enduite
Les anciens enduits friables, non cohésifs, peu résistants, non adhérents « sonnant creux », à base de plâtre, liants hydrauliques (ciments, chaux hydrauliques) ou aériens (chaux aérienne), doivent être éliminés par piquetage pour dégager la maçonnerie originelle (voir 12.2.2).
Ces maçonneries nécessitent un examen préalable du support en vue de définir le type d'enduit à appliquer et le traitement préalable du support (curage, reconstitution, rebouchage, rejointoiement, fixation d'une armature métallique de renfort).
Les joints friables sont dégarnis et la maçonnerie est humidifiée avant regarnissage des joints.
Les parties anciennes friables, pulvérulentes doivent être purgées. Le rebouchage des trous, rejointoiement des joints dégarnis est exécuté avec le même mortier que le corps d'enduit.
On incorporera avec le mortier des éléments de maçonnerie (pierre, brique, moellon) de même nature pour les rebouchages ou reconstitutions importants.
12.2.2 Maçonnerie de briques ou de moellons
Les joints friables doivent être dégarnis sur une profondeur de 2 à 5 cm selon leur état.
Joints et parements sont ensuite nettoyés et dépoussiérés (par exemple, par brossage à la brosse métallique, sablage, lavage à l'eau sous pression) et humidifiés par pulvérisation d'eau avant regarnissage.
Les briques ou moellons altérés doivent être purgés et remplacés.
12.3 Enduits exclusivement à la chaux aérienne (CL ou DL)
12.3.1 Conditions d'exécution
Cette technique est réservée à des applications spécifiques et contribue principalement aux fonctions esthétiques.
La contribution de ce type d'enduit à l'imperméabilisation de la maçonnerie dépend de la continuité de la couche d'enduit et de son degré de carbonatation.
L'enduit est exécuté en deux ou trois couches minces. Cette technique nécessite des délais suffisants entre les couches qui peuvent varier de une à plusieurs semaines selon les conditions climatiques et l'exposition.
Ces enduits ne doivent pas être exécutés en soubassements enterrés et sur une hauteur ≤ 50 cm à partir du niveau du sol en zone de rejaillissement des eaux de pluie.
Ils ne peuvent être entrepris que dans des conditions climatiques favorables (de + 8 °C à + 30 °C) : période ni trop sèche, ni trop humide et en dehors des périodes hivernales.
Lors de la mise en oeuvre et après coup, l'enduit doit être protégé de la pluie, du soleil et du vent (bâchage) pendant plusieurs jours. Le risque de gel doit être exclu pendant une période d'au moins 1 à 2 mois après exécution de l'enduit.
12.3.2 Sable
Le sable doit être conforme aux spécifications de la NF DTU 26.1 P1-2 (CGM), avec un taux de fines inférieur à 15 %.
Le sable est un élément déterminant de la couleur de l'enduit. Il convient de stocker tout le sable en même temps sur le chantier car la teinte peut changer d'une livraison à l'autre.
12.3.3 Exécution en 2 ou 3 couches
12.3.3.1 Gobetis d'accrochage
Dosage pour 1 m³ de sable : 250 à 300 kg de chaux aérienne CL ou DL.
Epaisseur maximale : 10 mm.
Les irrégularités importantes du support peuvent être rattrapées par l'application en 2 passes
12.3.3.2 Corps d'enduit
Il ne sera réalisé qu'après un délai de séchage du gobetis variable de deux à plusieurs semaines selon les conditions climatiques et l'exécution.
Dosage pour 1 m³ de sable : 200 à 250 kg de chaux aérienne CL ou DL
Epaisseur maximale : 10 mm.
Ce corps d'enduit peut être traité en enduit de finition après un délai de durcissement d'au moins 2 semaines.
12.3.3.3 Couche de finition
Cette couche a un rôle essentiellement esthétique.
Elle doit couvrir sans surcharge avec une épaisseur de 5 mm environ.
Dosage pour 1 m³ de sable : 150 à 250 kg de chaux aérienne CL ou DL
12.4 Enduits exclusivement à la chaux hydraulique (NHL, NHL Z ou HL)
12.4.1 Conditions d'exécution
Humidifier le support entre chaque couche.
Eviter l'exécution en période hivernale. Conditions climatiques normales + 8 °C à + 30 °C.
Protéger (bâchage) de la pluie et du vent pendant au minimum 24 heures.
12.4.2 Sable
Il doit être conforme à la NF DTU 26.1 P1-2 (CGM).
12.4.3 Exécution en deux ou trois couches
12.4.3.1 Gobetis
Dosage pour 1 m³ de sable : 400 à 450 kg de chaux hydraulique NHL, NHL Z ou HL.
Epaisseur : 5 à 8 mm.
Durée de séchage, avant réalisation du corps d'enduit : 2 jours minimum.
Ce gobetis n'est pas nécessaire en cas d'application par projection mécanique du corps d'enduit.
12.4.3.2 Corps d'enduit
Dosage pour 1 m³ de sable : 300 à 350 kg de chaux hydraulique.
Epaisseur moyenne : 15 mm à 20 mm, y compris gobetis.
Durée de séchage avant finition : 7 jours minimum par temps chaud et sec. Il doit être rallongé par temps frais et humide.
12.4.3.3 Couche de finition
Cette couche peut être réalisée avec un mortier de parement (CR), prêt à gâcher, compatible conforme aux prescriptions générales de l'article 4.1 ou avec un mortier de recette dosé pour 1 m³ de sable : 250 à 300 kg de chaux hydraulique NHL, NHL Z ou HL.
Epaisseur : 5 à 7 mm.
12.5 Enduits bâtards
La réalisation d'enduit en plusieurs couches sur maçonnerie ancienne peut être aussi exécutée avec des mortiers de recette par mélange « bâtard » de liants hydrauliques et/ou aériens.
12.5.1 Dosages
Les enduits sont réalisés avec des mortiers compatibles avec le support. Leur résistance mécanique, leur adhérence et leur perméance sont les principaux paramètres à prendre en compte. Ces enduits sont habituellement exécutés au moyen de mortiers de chantier, réalisés en 2 ou 3 couches successives. Ils peuvent également être réalisés avec des mortiers d'enduit performanciel de résistance mécanique réduite inférieure ou égale à CS III prêts à gacher ou de recette à condition que soient respectées les préconisations ci-dessus. Le dosage en liant devra aller décroissant du gobetis à la couche de finition.
Les dosages des mortiers de recette doivent être conformes aux valeurs données dans le tableau 17.
Tableau 17 Dosages des mortiers bâtards sur maçonnerie ancienne
Pour la réalisation d'un gobetis à durcissement rapide il est possible d'utiliser un mortier de recette selon les dosages de liants hydrauliques du tableau 10 (gobetis sur maçonnerie de résistance à l'arrachement réduite).
À l'intérieur des fourchettes de dosage du tableau 17, le choix se fera, à partir de l'expérience et des particularités locales selon :
la résistance du support ;
les conditions de température ;
les délais nécessaires entre couches ;
les classes de résistances nominales des liants ;
la qualité du sable ;
l'aspect final recherché.
12.5.2 Exécution
La réalisation par projection mécanique en deux couches (corps d'enduit et couche de finition) peut être effectuée avec les dosages indiqués dans le tableau 17. L'incorporation d'additifs peut être nécessaire pour améliorer la rhéologie et permettre le passage en machine du mortier frais.
Le délai d'exécution de différentes couches avec un mortier de ciment prompt naturel et de chaux doit être supérieur à 48 heures.
Les autres conditions d'exécution des enduits selon les articles précédents s'appliquent.
12.6 Enduits à pierres vues
La maçonnerie est d'abord rejointoyée avec le mortier de finition selon 6.3.2 (application manuelle) ou 6.4.2 (application par projection) avec un mortier de recette, ou performanciel (CR) ou (OC).
Les joints largement bourrés sont arasés à fleur de pierre. Il faut remplir les creux et faire disparaître dans l'enduit les pierres en retrait.
Pour l'application en forte épaisseur (supérieure à 2 cm) dans les joints profonds, procéder par passes successives.
La réalisation d'enduit à pierres vues sur ancienne maçonnerie de pierres ou moellons ne peut se faire qu'après vérification de la non gélivité et non porosité des matériaux dégagés.