6 Règles complémentaires pour les murs autres qu'à simple paroi
6.1 Prescriptions particulières aux murs doubles
N'est traité ci-après, que de la stabilité de la paroi extérieure.
Les murs doubles décrits dans le présent document ne sont pas visés en situation sismique.
6.2 Prescriptions générales
Les murs doubles décrits ci-après sont ceux satisfaisant les spécifications de la partie 3 du NF DTU 20.1.
Sont visés par le présent document, les murs doubles dont la paroi interne est réalisée en maçonnerie d'éléments, dont l'épaisseur brute est supérieure ou égale à 15 cm ou en béton banché conforme au NF DTU 21, dont l'épaisseur est conforme à la NF EN 1992-1-1 et son Annexe Nationale et dont la paroi externe non enduite est :
soit en maçonnerie de blocs béton non enduite destinés à rester apparents, dont l'épaisseur brute est supérieure ou égale à 9 cm et inférieure ou égale à 20 cm (Figure 57 a)) ; lorsque la paroi extérieure est réalisée en blocs apparents et d'épaisseur brut inférieure à 14 cm, ils peuvent être pleins ou perforés ;
soit en maçonnerie de terre cuite non enduite réalisée en briques U (pleines ou alvéolaires) destinées à rester apparentes, dont l'épaisseur brute est supérieure ou égale à 9 cm et inférieure ou égale à 22 cm (Figure 57 b)) ;
soit en maçonnerie de pierre naturelle non enduite, dont l'épaisseur brute est supérieure ou égale à 8 cm et inférieure ou égale à 20 cm (Figure 57 c)).
Figure 57 Exemples de murs doubles à parois externes non enduites
Murs doubles dont la paroi externe est en maçonnerie enduite : l'épaisseur brute de cette paroi externe est supérieure ou égale à 15 cm (Figure 58).
Figure 58 Exemple de mur double à paroi externe enduite
Dans l'un et l'autre cas, les dispositions en pied de mur répondent aux prescriptions définies pour les murs de type III (recueil et évacuation des eaux d'infiltration vers l'extérieur).
6.3 Montage des parois
6.3.1 Repos de la paroi externe sur le plancher ou sur cornière filante
La longueur des pans de mur réalisés ne doit pas excéder 12 m.
Au départ des angles (sortant ou rentrant) du bâtiment, le premier pan de mur réalisé ne doit pas excéder la moitié de cette valeur, soit 6 m (dans le cas d'un harpage dans l'angle).
Dans le cas où un isolant est prévu, l'épaisseur nominale (toutes tolérances de mise en oeuvre épuisées) de la lame d'air de ce type de mur doit être au moins égale à 2 cm.
Cinq catégories de repos de la paroi externe sont à distinguer :
-
Catégorie A1 : le bandeau où le chaînage est apparent (Figure 59) : le débord éventuel de la maçonnerie est inférieur à 1 cm ; en tête de mur, un matage au mortier est mis en oeuvre.
Figure 59 Exemple de mur double de catégorie A1 avec repos de la paroi externe sur le plancher
-
Catégorie A2 : le bandeau où le chaînage est masqué par un élément rapporté après coulage du béton (Figure 60) : l'épaisseur de cet élément est telle que la paroi extérieure repose sur le plancher sur les 2/3 au moins de son épaisseur ; pour les parois en pierre, pour lesquelles le raccord en partie supérieure est tel qu'il n'existe pas de risque de mise en compression, le repos peut être réduit à la moitié de l'épaisseur de la paroi. La mise en oeuvre des plaquettes est traitée par le NF DTU 52.2. En tête de mur, un matage au mortier est mis en oeuvre.
Figure 60 Exemple de mur double de catégorie A2 avec repos de la paroi externe sur le plancher
-
Catégorie A3 : le bandeau où le chaînage est masqué par un habillage constitué de demi-éléments de maçonnerie (mulots) mis en fond de coffrage avant coulage du béton (Figure 61). Cette disposition n'est admise que pour les constructions d'au plus R + 3. En tête de mur, un matage au mortier est mis en oeuvre.
Figure 61 Exemple de mur double de catégorie A3 avec demi-repos de la paroi externe sur le plancher
-
Catégorie A4 : la paroi externe repose entièrement sur une console métallique (Figure 62). Cette console est recoupée suivant les joints de fractionnement de la maçonnerie. La paroi externe peut être filante sur 2 niveaux au maximum, sans dépasser 6 m. Dans tous les cas, un joint résilient est à prévoir en tête de mur sous la console.
Figure 62 Exemple de mur double de catégorie A4 avec repos de la paroi externe sur cornière filante
-
Catégorie A5 : le débord de la paroi externe sur la console métallique est compris entre 1 cm et un tiers de l'épaisseur (Figure 63). Cette console est recoupée suivant les joints de fractionnement de la maçonnerie. La paroi externe peut être filante sur 2 niveaux au maximum, sans dépasser 6 m. Dans tous les cas, un joint résilient est à prévoir en tête de mur sous la console.
Figure 63 Exemple de mur double de catégorie A5 avec repos de la paroi externe sur cornière filante
6.3.2 Paroi externe filante devant les planchers
Le plancher peut reposer uniquement sur la paroi interne (Figure 64). Dans ce cas, l'isolant thermique est filant. La paroi externe est liée à la paroi interne porteuse par des attaches dont le nombre est déterminé suivant le NF DTU 20.1 P3. Selon les cas, la paroi externe peut filer sur un, deux ou trois niveaux.
Figure 64 Mur double à paroi externe filante devant les planchers
Le repos sur le plancher est réalisé soit directement, soit par l'intermédiaire d'un dispositif (par exemple, cornière métallique) de durabilité et d'efficacité (résistance et déformabilité) équivalentes.
6.3.3 Attaches de liaison entre paroi externe et paroi interne
Cette liaison est assurée :
par des attaches conformes au NF DTU 20.1 P1-2 ;
à l'aide de treillis en acier, pour les repos de catégorie A1, A2 ou A3.
Le nombre d'attaches au mètre carré est déterminé par le calcul ou forfaitairement suivant le NF DTU 20.1 P3.
6.3.4 Montage proprement dit
6.3.4.1 Montage avec attaches
Les conditions de repos de la paroi externe sur le plancher support, définies ci-avant, doivent être respectées (cf. Figures 59, 60 et 61).
À défaut, des rondelles casse-gouttes sont mises en place sur les attaches à mi-épaisseur en l'absence d'isolant et sur sa face extérieure en présence d'un isolant.
Dispositions en pied : l'exécution est conduite conformément aux prescriptions définies pour les murs de type III.
La stabilité de la paroi externe doit être assurée par liaison à la paroi interne à l'aide d'attaches, conformément aux indications figurant ci-avant.
Ces attaches doivent être :
réparties uniformément sur la surface en tenant compte des dimensions des panneaux isolants, le cas échéant, mis en place entre deux parois ;
scellées au fur et à mesure du montage dans le mortier des joints horizontaux et être légèrement relevées vers l'intérieur.
Le relèvement vers l'intérieur a pour objet d'interdire des pénétrations d'eau éventuelles vers la paroi intérieure, par cheminement le long des attaches.
Concernant l'espace intermédiaire entre les deux parois, deux cas sont à envisager :
-
cas où il n'est pas prévu d'isolation thermique entre les deux parois : la lame d'air est de 3 cm (Figure 65) ;
Figure 65 Mur double et dispositions en pied de mur
-
cas où une isolation thermique par panneaux isolants est prévue (Figures 66 a) et 67) : les panneaux isolants utilisés doivent être des panneaux rigides ou semi-rigides d'un isolant non hydrophile.
Figure 66 Isolant intermédiaire et dispositifs de collecte et d'évacuation des eaux
Figure 67 Paroi extérieure en maçonnerie enduite
Ces panneaux doivent être posés de façon à ménager, entre leur face externe et la face interne de la paroi extérieure, une lame d'air.
Il est particulièrement important d'éviter les balèvres de mortier du côté de la lame d'air des murs du type IIb ou III (cf. NF DTU 20.1 P3 - Règles de conception et dispositions constructives minimales), car ces balèvres risquent de conduire l'eau vers l'intérieur.
La lame d'air des murs doit être propre et les chutes de mortier, cumulées par mégarde dans la rigole de recueil d'eau en bas du mur, doivent être enlevées.
La rigole peut éventuellement être nettoyée à la fin du hourdage, en rendant le bas de la lame d'air accessible. Les trous d'accès sont à combler par la suite par des éléments de la maçonnerie.
6.3.4.2 Montage avec treillis en acier
Pour cette technique, la paroi support est en maçonnerie et le montage se fait de manière simultanée.
Des rondelles casse-gouttes sont mises en oeuvre sur le treillis.
Dans le cas d'un montage dit "à l'américaine", un treillis est disposé tous les trois rangs de maçonnerie.
6.3.5 Traitement des points singuliers
Le traitement des points singuliers nécessite une attention particulière et, dans la mesure du possible, l'emploi d'éléments préfabriqués étudiés dans ce but.
6.3.5.1 Dispositions en pied de mur
Un exemple est donné en Figure 68.
Figure 68 Exemple de dispositions en pied de mur
6.3.5.2 Disposition de ventilation de la lame d'air
Les dispositions d'ouverture de joint qui s'appliquent en pied de mur de type III (cf. 5.12.1.1) s'appliquent également en tête et à chaque repos ou console.
6.3.5.3 Réalisation des baies
6.3.5.3.1 Linteaux
Chaque ouverture est protégée à l'aide d'une bavette de rejet des eaux ou tout autre dispositif permettant l'écoulement des eaux infiltrées vers l'extérieur.
La longueur d'appui des linteaux sur la maçonnerie est déterminée en appliquant les règles de calcul et les dispositions constructives minimales du NF DTU 20.1 P3. Elle ne peut pas être inférieure à 0,20 m (pour des linteaux isolés).
Le linteau du mur extérieur en terre cuite apparente, en pierre naturelle ou en béton peut être réalisé soit :
-
En béton armé coulé en place ou préfabriqué (Figure 69) ;
Figure 69 Exemple de linteau préfabriqué
Dans le cas d'une épaisseur de paroi non porteuse inférieure ou égale à 10 cm, le linteau béton armé est de type préfabriqué. Afin de conserver une unité de teinte et une homogénéité de support, le béton est coulé dans un coffrage réalisé en éléments de terre cuite, de pierre naturelle, ou de béton.
-
À l'aide d'une cornière métallique visible en sous-face (Figure 70) ;
Figure 70 Exemple de linteau à cornière métallique
-
À l'aide d'une console de supportage visible (Figure 71) ;
Figure 71 Exemple avec console de supportage
À l'aide d'une console de supportage invisible, pour éléments suspendus.
6.3.5.3.2 Traitement des menuiseries
Un exemple est donné en Figure 72.
Figure 72 Exemple de traitement autour d'une menuiserie
6.3.5.4 Fixation d'éléments lourds sur la paroi externe
Aucun élément lourd (volet battant, pare soleil, etc.) ne peut être fixé sur la paroi externe d'un mur double.
6.3.5.5 Réalisation des angles rentrants et sortants
Dans les angles, les éléments peuvent être soit découpés (Figures 73 a) et b)), soit harpés (Figure 74).
Figure 73 Exemples de découpe des éléments dans les angles
Figure 74 Harpage des éléments dans les angles
6.3.6 Traitement des traversées de murs
Lorsqu'une évacuation vers l'extérieur est nécessaire, l'entrée du conduit doit atteindre le nu extérieur du mur de parement. Le conduit doit traverser l'isolant thermique éventuel et la lame d'air. La barrière d'imperméabilisation du mur de parement est reconstituée autour du conduit à l'aide d'un mastic souple ou à défaut, d'un remplissage au mortier des plus grosses cavités dans l'épaisseur du mur de parement. L'ouverture du conduit doit être équipée d'une grille de protection. Tout élément traversant la lame d'air doit être muni d'un dispositif empêchant la pénétration de l'eau de l'extérieur vers l'intérieur.
6.4 Prescriptions particulières aux murs composites
6.4.1 Prescriptions générales
Les associations visées par le présent document, utilisables en partie courante d'un mur, sont les suivantes :
la brique U destinée à rester apparente avec la brique P, ou avec la brique U enduite ou non ;
le bloc de béton destiné à rester apparent avec le bloc creux en béton de granulats courants ou la pierre naturelle ;
le béton banché avec la pierre naturelle ;
le béton banché avec la brique U destinée à rester apparente ;
le béton banché avec le bloc en béton destiné à rester apparent.
Il est rappelé que ce type de mur est limité à la réalisation de bâtiments d'au plus :
18 m de hauteur pour les maçonneries apparentes en pierre ;
6 m de hauteur pour les autres maçonneries apparentes.
cf. NF DTU 20.1 P3 - Règles de conception et dispositions constructives minimales.
Quoique les associations ci-avant avec le béton banché soient admises, celles-ci risquent de produire des taches ou des efflorescences sur les éléments de maçonnerie. Si une telle information n'est pas disponible, il est recommandé de procéder à des essais sur murs témoins.
Les associations de la brique creuse avec le bloc béton et de la brique creuse avec les moellons ne sont pas visées par le présent document (Figures 75 a) et b)).
Figure 75 Murs composites - associations non visées
Les éléments en pierre calcaire et de terre cuite sont particulièrement sensibles aux effets de la migration par capillarité de l'eau et des sels du béton banché. Les galets ne sont pas des pierres au sens du présent document.
6.4.2 Association de briques ou de blocs en béton
Cette association, dans laquelle la brique U ou le bloc en béton destiné à rester apparent est placé(e) en parement extérieur, n'est possible que si la maçonnerie de briques P ou U (enduites ou non), ou de blocs creux ou perforés en béton enduits, placée du côté intérieur, est capable d'assurer à elle seule l'étanchéité (Figure 76 a)).
Figure 76 Murs composites - association de briques pleines (ou perforées) avec des briques creuses (ou blocs perforés de terre cuite)
À cet effet :
les briques P, les blocs perforés ou les blocs creux en béton d'épaisseur brute d'au moins 20 cm doivent être maçonnés en premier, puis enduits extérieurement, ce qui exclut les dispositions analogues à celles de la Figure 76 b) ;
la paroi en briques U (épaisseur ≥ 9 cm) ou de blocs en béton destinés à rester apparent (épaisseur ≥ 9 cm) est montée ensuite et reliée à l'autre par du mortier, complétée par des attaches en métal non corrodable (4 au mètre carré) en cas de 1/2 briques, 1/2 blocs ou de hauteur entre appuis supérieure à une hauteur d'étage courant.
6.4.3 Association béton banché et maçonnerie destinée à rester apparente
La maçonnerie destinée à rester apparente comprend : la pierre, la brique U destinée à rester apparente et le bloc en béton destiné à rester apparent.
Les solutions dans lesquelles la pierre mince est utilisée comme coffrage extérieur d'un mur en béton ne sont pas visées dans le présent document.
Le parement extérieur en maçonnerie est monté en premier et sert de coffrage au béton ; le coulage ne doit être réalisé que sur une faible hauteur (50 cm à 60 cm). Il est rappelé que l'épaisseur de tels murs ne doit pas être inférieure à 30 cm, dont 15 cm au moins pour le béton (Figure 77).
Figure 77 Mur composite - association de béton banché et de maçonnerie apparente
6.5 Maçonnerie non porteuse et de remplissage
Sont visées ci-après, les maçonneries d'épaisseur supérieure à 15 cm utilisées en façade ou en partie intérieure de la construction.
Les maçonneries non porteuses et de remplissage jouent un rôle de fermeture de bâtiment ou de cloisonnement. Différents modes de pose sont possibles :
en feuillure de la structure ;
en applique de la structure ;
indépendante de la structure.
Dans tous les cas, la stabilité des murs doit être assurée.
Les murs indépendants de la structure doivent être liaisonnés entre eux (par harpage ou par chaînage vertical) et couronnés en tête par un chaînage horizontal (par exemple, pour des élancements supérieurs à 15).
Les murs en feuillure et en applique de la structure sont liaisonnés à cette dernière par :
des profilés métalliques de type cornières ponctuelles ou filantes (cf. Figure 78) ;
des accessoires métalliques tel que définis dans la NF EN 845-1 (cf. Figure 79) et le NF DTU 20.1 P1-2 (CGM) ;
une engravure dans l'ossature support (cf. Figure 80) ;
des tiges réglables en hauteur insérées dans les joints de maçonnerie (cf. Figure 81) ;
Ces murs doivent être désolidarisés de la structure de manière à limiter les effets des déformations différentielles.
Cette désolidarisation est assurée par la conception adaptée des éléments de liaison et l'interposition d'un matériau résilient.
Figure 78 Exemple de mise en oeuvre avec cornières métalliques
Figure 79 Exemple de mise en oeuvre avec accessoires métalliques
Figure 80 Exemple de mise en oeuvre avec engravure dans l'ossature support
Figure 81 Exemple de mise en oeuvre avec rail et tiges réglables en hauteur insérées dans les joints de maçonnerie