6 Couverture en zinc en région de montagne
6.1 Prescriptions générales et domaine d'application
Les prescriptions des autres chapitres du présent DTU sont applicables dans tous les cas où elles ne sont pas modifiées par les règles indiquées ci-après et qui concernent les bâtiments implantés à une altitude supérieure à 900 m.
Certaines toitures de bâtiments implantés à une altitude inférieure ou égale à 900 m peuvent être considérées comme toitures sous climat de montagne en fonction des conditions climatiques particulières. Les documents particuliers du marché en font la mention.
Dans les régions soumises à un climat de montagne, les ouvrages doivent être conçus et réalisés en tenant compte :
des écarts journaliers de température de surface (phénomènes de dilatation et de retrait voir 4.1 pour coef de dilatation du zinc) ;
des charges localisées ou réparties de neige et de glace ;
de l'érosion et des arrachements provoqués par des déplacements de la neige et de la glace ;
des phénomènes de siphonnage ;
des périodes réduites de l'année pendant lesquelles il est possible de construire et d'effectuer l'entretien ;
des vitesses de vent connues ou prévisibles dans le site considéré ;
de la présence obligatoire de l'étanchéité complémentaire (voir chapitre 6.3).
La spécificité des couvertures en zinc en montagne rend les travaux de couverture et annexes (isolation thermique, porte-neige, évacuation des eaux pluviales,...) particulièrement délicats.
NOTE 3 Les accidents de couverture (changement de pentes, noues, etc.) constituant des points sensibles, il y a lieu d'en limiter le nombre.
6.2 Systèmes de couverture
Les deux systèmes de couverture admis en région de montagne sont :
la couverture à tasseau de 50 mm avec couvre-joint agrafé (Figure 118a) ;
-
la couverture à joint debout (Figure 118b).
Figure 118 Systèmes de couverture admis en région de montagne
6.3 Principe et condition d'établissement de la couverture
6.3.1 Principe
Seules sont traitées dans ce présent chapitre les couvertures en zinc établies suivant la conception de la toiture froide à double ventilation avec étanchéité complémentaire ventilée sur ses deux faces.
La double toiture froide ventilée isolée ou non est caractérisée par le fait que les lames d'air comprises entre la sous-face du support de couverture et l'étanchéité complémentaire communiquent avec l'extérieur par des entrées d'air en parties basses et des sorties en parties hautes.
Lorsqu'une isolation thermique est prévue, elle est placée sous l'étanchéité complémentaire. Une lame d'air communiquant avec l'extérieur est également aménagée entre ces deux éléments (Figure 119).
Les autres systèmes de couverture en climat de montagne (chaude, à simple ventilation...) ne sont pas traitées dans le présent DTU et relèvent de l'Avis Technique.
Figure 119 Système à double ventilation
6.3.2 Etanchéité complémentaire
6.3.2.1 support de l'étanchéité complémentaire
L'étanchéité complémentaire repose sur un support continu et rigide. Le support de l'étanchéité complémentaire est constitué de :
planches et voliges ou parquet, épaisseur minimale 15 mm ;
panneaux de particules NF-CTB-H, épaisseur minimale 18 mm ;
panneaux de contre-plaqué NF Extérieur CTB-X, épaisseur minimale 12 mm.
6.3.2.2 système constitutif de l'étanchéité complémentaire
Le complément d'étanchéité est réalisé :
-
Dans le cas de pente supérieure ou égale à 20 %, par une étanchéité simple composée de :
une chape souple en bitume oxydé à armature en tissu de verre (50TV) à autoprotection métallique ;
ou une chape souple de 3,5 mm d'épaisseur en bitume modifié à armature en tissu de verre et autoprotection métallique.
-
Dans le cas de pentes inférieures à 20 %, on aura recours à une étanchéité complémentaire renforcée (de type bi-couche) :
chape en bitume oxydé à armature en tissu de verre (50TV) + chape en bitume oxydé à armature en tissu de verre (50TV) à autoprotection métallique ;
ou chape en bitume oxydé à armature en tissu de verre (50TV) + une chape souple de 4 mm d'épaisseur en bitume modifié à armature en tissu de verre et autoprotection métallique.
6.3.2.3 choix de l'étanchéité complémentaire
Le Tableau 14 précise en fonction du type et de la pente de couverture le système d'étanchéité complémentaire à utiliser et le renforcement éventuel de celle-ci.
Le Tableau 14 concerne le choix des systèmes d'étanchéité en partie courante. Au voisinage des points singuliers (noues, fenêtre de toit, pénétrations...) le système d'étanchéité renforcé doit être systématiquement utilisé à ces endroits. Dans le cas où le système d'étanchéité en partie courante est de type simple, cela conduit à la pose d'une seconde chape de renforcement en sous-face ou en périphérie des points singuliers précités.
Tableau 14 Pentes et principes de raccords transversaux
6.3.2.4 mise en oeuvre de l'étanchéité complémentaire
-
étanchéité complémentaire simple
-
La chape souple est déroulée sur le support :
soit parallèlement ou perpendiculairement à l'égout dans le cas des chanlattes avec franchissement de ces chanlattes. Dans le cas de pose perpendiculaire à l'égout, le recouvrement des lés s'effectue au droit des chanlattes ;
soit perpendiculairement à l'égout dans le cas des rehausses.
Le recouvrement des lés est de 10 cm et les raccords sont soudés. La fixation de la chape au support est assurée par l'intermédiaire des contre lattes, dans le cas de support avec chanlatte trapézoïdale, ou des rehausses, dans le cas de l'étanchéité déroulée en continu sur le support.
-
-
étanchéité complémentaire renforcée
Les deux couches d'étanchéité sont établies selon les dispositions du paragraphe a) précédent. Toutefois, pour la première couche, le sens de pose des lés (parallèlement ou perpendiculairement à l'égout) est indifférent et la chape souple est fixée au support à l'aide de pointes disposées en quinconce tous les 33 cm environ.
6.4 Dispositions communes aux couvertures en zinc
6.4.1 Pentes et principes de raccords transversaux
On se référera aux pentes minimales définies au paragraphe 5.2.1 Tableau 4 Zone 3, pour la couverture à tasseaux et au paragraphe 5.2.2 Tableau 5 pour la couverture à joint debout ainsi qu'au Tableau 14.
6.4.2 Support de couverture
Il est rappelé que l'épaisseur du support de couverture doit tenir compte des charges et surcharges climatiques et des portées. L'épaisseur minimale pour les supports en bois massif est de 22 mm. On se référera au Tableau 2 pour les valeurs d'entraxes en fonction des charges.
Pour l'épaisseur minimale des supports en panneaux, dérivés du bois, on se référera aux prescriptions définies dans les Avis Techniques.
6.4.3 Dimensions des feuilles et longues feuilles
La largeur maximale des feuilles et longues feuilles est de 0,500 m. La longueur maximale des longues feuilles est limitée à 10 m.
L'épaisseur minimale des feuilles et longues feuilles est de 0,70 mm.
6.4.4 Arrêts de neige
Lorsqu'ils sont prévus, ils doivent être posés de façon à ne pas entraver les mouvements thermiques des feuilles et longues feuilles.
Les règlements ou les habitudes locales peuvent amener à prévoir de tels dispositifs. Ils doivent être précisés dans les documents particuliers du marché.
6.4.5 Ventilation
Les toitures sous climat de montagne sont établies sur le principe de la double ventilation (sur chacune des faces de l'étanchéité complémentaire et de son support). La paroi isolée devra comporter un pare-vapeur continu sous l'isolation.
En ce qui concerne les épaisseurs des lames d'air et les sections des orifices de ventilation, on se référera aux dispositions de la Figure 120.
La ventilation doit être assurée par des entrées et des sorties d'air linéaires à l'égout et au faîtage. Les sorties ponctuelles réalisées par des chatières ne sont pas adaptées au climat de montagne.
Figure 120 Ventilation des couvertures en climat de montagne
Pour les locaux à moyenne hygrométrie, les sections S1 et S2 et les épaisseurs de lames d'air de ventilation associées E1 et E2 doivent respecter les valeurs suivantes :
S1 = 1/1200 S2 = 1/1200 S3 = 1/600
E1 = 4cm E2 = 4 cm si L ≤ 10 m E2 = 6 cm si 10 m < L ≤ 15 m
6.5 Dispositions spécifiques à la couverture à joint debout
6.5.1 Pattes de fixation et partie fixe
Pour la détermination de l'écartement des pattes de fixation, on se référera aux spécifications définies au paragraphe 5.4.2.2.
Le nombre de pattes constituant la partie fixe des longues feuilles est déterminée de façon à ce que leur fixation puisse résister au cisaillement résultant des forces engendrées par le glissement de la neige dont la valeur est :
F = P sin(α) Cos(α)
P = charge de neige normale au sens des N84 modifiées sur l'ensemble d'une travée ; α = pente de la couverture.
Par clou ou vis à bois, la charge pratique en simple cisaillement et en daN ne doit pas dépasser la valeur :
f = 0,8d√e pour les clous
f = 2/3 × 0,8d√e pour les vis à bois
d = diamètre du clou ou de la vis en 1/10 mm ; e = épaisseur de la planche en cm.
6.5.2 Exécution des noues
Les éléments de noue et les longues feuilles sont raccordés suivant les principes suivants :
-
agrafure à joint debout : les éléments de noue sont mis en place après la couverture, afin de pouvoir coucher les joints et exécuter les relevés parallèles au fond de noue (Figure 121 a) ;
NOTECette disposition crée une zone fixe en pied de feuilles.
noue encaissée : les éléments de la couverture sont agrafés sur les éléments de noue ;
noue gironnée : ce type de noue peut être exécuté si l'angle de la ligne de noue par rapport aux lignes des joints debout le permet. Les longues feuilles ont un aspect trapézoïdale (Figure 121 b) ;
noue à double agrafure : le recouvrement minimum est de 0,30 m.
Figure 121 Noue raccordée par agrafure à joint debout (a) et noue en feuilles gironnées (b)
6.5.3 Raccord de pénétration
On utilisera le mode de raccordement par système d'agrafe à joint debout (voir paragraphe 5.4.3.8.2.1). Les relevés contre les pénétrations ont une hauteur minimale de 0,250 m.