9 Dispositions spécifiques à certaines toitures selon leur destination
9.1 Toitures recevant des équipements lourds permanents, quelle que soit leur destination
L'installation des équipements techniques doit tenir compte des spécifications des normes-DTU propres à chacun d'eux [en particulier P 50-601-1 (Référence DTU 65.12) pour les capteurs solaires et P 50-411-1 (Référence DTU 68.2) pour les VMC].
Les liaisons des équipements avec la toiture-terrasse doivent permettre l'entretien et la réfection des ouvrages d'étanchéité.
Deux cas peuvent être envisagés par les DPM :
-
L'équipement est posé sur un ou plusieurs massifs émergents en maçonnerie, solidaires de l'élément porteur. Ce massif est conforme, en ce qui concerne les reliefs, aux dispositions de la norme NF P 10-203-1 (référence DTU 20.12).
L'étanchéité au-dessus de ce massif émergent est assurée par l'équipement.
L'équipement est solidarisé à un ou plusieurs massifs en béton posés sur le revêtement d'étanchéité ou sa protection.
Ce cas n'est possible que si chaque massif est transportable et l'équipement démontable, sans recours à des engins de levage. De plus, l'implantation des massifs ne doit pas gêner l'écoulement des eaux de pluie.
NOTE 2 Est considéré comme transportable un massif de 90 kg maximum déplaçable par deux personnes. Est considéré comme démontable un équipement pouvant être démonté en éléments n'excédant pas chacun 90 kg.
NOTE 3 L'implantation des massifs est mentionnée dans le plan de toiture (voir FD P 84-204-3)
Chaque massif repose sur un matériau résilient adapté (polystyrène expansé ou polystyrène extrudé).
Il doit être dimensionné de la façon suivante :
sa plus petite dimension d'appui n'est pas inférieure à 0,40 m,
-
la pression au niveau du revêtement d'étanchéité est limitée dans les conditions ci- dessous.
NOTE 4 La pression maximale sous chaque massif doit être calculée par l'entreprise chargée de la mise en oeuvre des équipements [voir paragraphe 3.1 ag) de FD P 84-204-3]
NOTE 5 La vérification de la compatibilité entre les pressions calculées résultant des équipements et les pressions admissibles est faite par le maître d'oeuvre (voir FD P 84-204-3).
-
Revêtement d'étanchéité sur support maçonnerie (Voir tableau 32) :
Tableau 32 Pression admissible sur revêtement sur support maçonnerie
Dans le cas d'un revêtement sous isolation inversée, la pression admissible est la plus petite des deux valeurs suivantes :
celle indiquée sur le tableau 32,
-
celle indiquée dans le Document Technique d'Application 29 du panneau isolant.
29)Ou son équivalent dans les conditions indiquées dans l'avant-propos.
-
Revêtement d'étanchéité sur support en panneaux isolants :
La pression admissible est la plus petite des trois valeurs suivantes :
-
celle indiquée dans le tableau 32,
NOTEil est rappelé (voir 6.5.1) que les revêtements bicouches élastomères SBS classés I2 ne sont pas admis sur supports en panneaux isolants.
celle indiquée pour cette utilisation dans les documents d'application des panneaux isolants supports d'étanchéité autres qu'à base de liège,
4 kPa (soit 0,04 daN/cm²) pour les revêtements d'étanchéité mis en oeuvre sur panneaux isolants en liège aggloméré expansé.
-
9.2 Toitures inaccessibles, techniques ou à zones techniques
9.2.1 Joints de dilatation
Les joints plats sont interdits.
Au droit des cheminements, un dispositif de franchissement des joints sur costières doit être réalisé. Ce dispositif repose sur le revêtement d'étanchéité de part et d'autre du joint par l'intermédiaire d'un matériau résilient. Ce dispositif est complété par un emmarchement.
En l'absence d'indication dans les DPM, la réalisation de ce dispositif n'est pas à la charge de l'entreprise d'étanchéité (voir NF P 84-204-2 - CCS du DTU 43.1 ).
9.2.2 Zones de circulation des appareils pour l'entretien des façades
-
Appareils circulant sur rails :
Les revêtements sont relevés sur les plots ou traverses supports des rails conformément aux dispositions des paragraphes 7.1.3.2.1 ou 7.1.3.2.2.
Les plots ou traverses sont équipés d'un dispositif en tête des relevés destiné à écarter les eaux de ruissellement selon la norme NF P 10-203-1 (Référence DTU 20.12). La partie supérieure de ces ouvrages est traitée selon les dispositions du paragraphe 8.5.
-
Appareils lestés sur pneumatiques circulant sur une dalle de béton :
NOTEL'attention est attirée sur les difficultés d'assurer convenablement la conception, la réalisation et la maintenance de telles terrasses. De plus, la réfection de l'étanchéité impose la démolition complète de la dalle de roulement.
Les revêtements sont conformes au paragraphe 6.5.5. La protection est définie au paragraphe 6.6.3.2.2.
9.3 Toitures-terrasses-jardins
9.3.1 Généralités
La conception d'une toiture-terrasse-jardin doit tenir compte de l'aménagement paysager prévu.
Les zones plantées (voir parties courantes paragraphe 9.3.2) peuvent être délimitées par des chemins ou zones de circulation (voir 9.3.6).
9.3.2 Parties courantes (zones plantées)
9.3.2.1 constitution
Une telle toiture comporte, du bas vers le haut, à partir de l'auto protection du revêtement d'étanchéité :
une couche drainante,
une couche filtrante,
une couche de terre végétale,
dans certains cas, des aménagements de circulation reposant directement sur la terre végétale.
En principe, seule la couche drainante fait partie des travaux d'étanchéité (voir NF P P 84-204-2 - CCS du DTU 43.1 ).
Dans le cas particulier de toitures-terrasses avec isolation inversée, les éléments cités plus haut sont disposés au-dessus des panneaux isolants (voir 6.6.4.4).
9.3.2.2 Couche drainante
Son rôle est de conduire les eaux de percolation aux dispositifs d'évacuation des eaux pluviales.
Elle est constituée :
-
soit de plaques de polystyrène expansé moulées, adaptées à cet usage et définies dans des Avis Techniques 30,
30)Ou son équivalent dans les conditions indiquées dans l'avant-propos.
soit de cailloux et graviers de granularité 15/40 ou 20/40, en épaisseur minimale de 0,10 m,
soit des granulats minéraux expansés (schistes, argiles, pouzzolanes, ...) de granularité 10/30, en épaisseur minimale de 0,10 m.
9.3.2.3 Couche filtrante
Son rôle est de retenir les éléments fins de la terre végétale.
Elle est constituée de nappes de non tissé synthétique de 170 g/m² minimum.
Les nappes doivent se recouvrir de 0,10 m minimum et doivent être relevées sur la hauteur de la terre végétale en limite de cette dernière : zones stériles, murets, parois des regards d'eaux pluviales, costières des joints de dilatation enterrés (y compris le dessus de ces joints).
Au droit des retombées, elles sont rabattues sur environ 0,10 m au-dessous du niveau de l'étanchéité de partie courante.
Leur mise en oeuvre s'effectue, en principe, par l'entrepreneur paysagiste au fur et à mesure de celle de la terre.
9.3.2.4 Terre végétale
La composition, la fourniture et la mise en oeuvre de la terre végétale ne relèvent pas du présent document. L'épaisseur de la couche de terre, y compris après tassement, n'est pas inférieure à 0,30 m.
Cette épaisseur est fonction du type de végétation prévue.
NOTE 2 La mise en oeuvre de la couche filtrante et de la terre doit être coordonnée avec celle de la couche drainante quand celle-ci est constituée de plaques de polystyrène.
L'annexe B donne les valeurs indicatives des épaisseurs de terre nécessaires en pourtour des différents types de végétation et les valeurs des charges à prendre en compte.
9.3.3 Aménagements contre les relevés
Une zone séparative drainante, appelée " zone stérile " doit être réalisée entre la zone plantée et l'étanchéité verticale. Elle ne contient pas de terre et aucune végétation ne doit pouvoir s'y développer.
9.3.4 Joints de dilatation
Leur étanchéité est réalisée conformément au paragraphe 8.3.2.
Ils doivent être rendus visitables par l'exécution d'un ouvrage de protection comportant des murets en maçonnerie, ajourés à leur base pour permettre le libre écoulement de l'eau, supportant une dallette en béton armé.
Ils sont :
-
soit enterrés (voir figure 65.)
Figure 65 Terrasses-jardins - joint de dilatation enterré
-
soit visitables (voir figure 66)
Figure 66 Terrasses-jardins - joint de dilatation visitable.
L'aménagement végétal au droit des joints de dilatation doit prendre en compte les dispositions du B4 de l'annexe B.
9.3.5 Evacuation des eaux pluviales
Les entrées d'eaux pluviales doivent être rendues visitables par un regard dont les parois sont ajourées à la base pour permettre le libre écoulement de l'eau. La section totale des ajours est au minimum 1,5 fois celle de l'EEP.
La trappe de visite doit rester apparente. La section du regard est fonction de l'épaisseur de la terre :
comprise entre 0,30 m et 0,60 m, le regard est de section supérieure ou égale à 0,30 m × 0,30 m ou d'un diamètre de 0,30 m au minimum (dimensions intérieures).
supérieure à 0,60 m, le regard est de section supérieure ou égale à 0,60 m × 0,60 m ou de diamètre de 0,60 m au minimum (dimensions intérieures).
Lorsque sur une même toiture coexistent des surfaces plantées et des surfaces de circulation, il est recommandé de prévoir des évacuations pluviales propres à chacune de ces zones afin de réduire l'effet inesthétique lié au ruissellement d'eau chargée de terre sur les surfaces circulables.
NOTE 2 Sauf disposition contraire des DPM, le regard visitable n'est pas réalisé par l'entreprise d'étanchéité (voir NF P 84-204-2 - CCS du DTU 43.1 ). L'aménagement végétal au droit des évacuations d'eaux pluviales doit prendre en compte les dispositions du B3 de l'annexe B.
9.3.6 Chemins ou zones de circulation pour piétons
9.3.6.1 Reposant sur la terre végétale
Les aménagements de circulation reposant directement sur la terre végétale ne font pas partie des travaux d'étanchéité.
9.3.6.2 Reposant sur le revêtement d'étanchéité
Les chemins ou zones de circulation sont séparées des zones plantées par des murets pouvant reposer sur la couche drainante.
Chaque zone de circulation est équipée d'un ou plusieurs dispositifs d'évacuation des eaux pluviales (EEP, barbacanes traversant les murets, ...). Ce dispositif n'est pas obligatoire si la couche drainante en cailloux est continue sous les murets, recueille et dirige les eaux pluviales vers les évacuations.
Dans le cas où les dimensions des chemins ou zones de circulation sont telles que tout point de leur surface est situé à moins de 3 m d'une zone plantée, le support de l'étanchéité dans ces zones peut être à pente nulle.
Dans le cas contraire, la pente donnée par le support doit être conforme aux dispositions définies pour les surfaces accessibles aux piétons (voir 5.1.1 tableau 1).
La constitution des chemins ou zones de circulation, à partir de la dernière couche du revêtement d'étanchéité, est l'une des suivantes :
-
mortier ou béton coulé en place sur couche de désolidarisation, complété par un revêtement de surface.
Cet ouvrage est réalisé conformément aux dispositions du paragraphe 6.6.3.3.2 sauf en ce qui concerne :
La couche de désolidarisation qui est toujours un lit de granulats,
le revêtement de surface qui peut être autre qu'un revêtement de sol scellé,
le revêtement de surface doit présenter une pente minimale de 1 %.
L'annexe B donne les dispositions constructives à respecter pour la réalisation des revêtements de surface.
-
dalles en béton préfabriquées ou en pierre naturelle posées sur couche de désolidarisation.
Cet ouvrage est réalisé conformément aux dispositions de paragraphe 6.6.3.3.4 à l'exception de la couche de désolidarisation qui est toujours constituée d'un lit de granulats.
Le revêtement de surface doit présenter une pente minimale de 1 %.
NOTEDans ces deux cas, il peut être intéressant que la couche de désolidarisation ait la même constitution que la couche drainante : lit de granulats de 0,10 m d'épaisseur.
-
dalles sur plots
Cette disposition n'est possible que si le revêtement admet la protection par dalles sur plots.
Cet ouvrage est réalisé conformément aux dispositions du paragraphe 6.6.3.3.3.
9.4 Toitures destinées à la retenue temporaire des eaux pluviales
Les dispositions ci-après ne sont applicables que si les DPM prévoient cette utilisation des toitures-terrasses et si l'élément porteur a été réalisé en conséquence (voir 9.4.1). L'utilisation en stockage d'eau de longue durée n'est pas visée.
9.4.1 Domaine d'emploi
9.4.1.1 Accessibilité de la toiture
Les dispositions qui suivent ne concernent que les terrasses inaccessibles définies au paragraphe 3.2.1.
NOTE 1Ces terrasses ne comportent pas de zones techniques.
NOTE 2 De par leur constitution, les terrasses-jardins peuvent contribuer également à la retenue temporaire des eaux pluviales ; toutefois, cette fonction n'est pas quantifiable.
9.4.1.2 Elément porteur - pente
Les dispositions de l'article 5 sont complétées ou modifiées comme suit :
La toiture est à pente nulle.
La structure porteuse doit prendre en compte, en plus des charges habituelles, la charge d'eau supplémentaire déterminée par la hauteur de " l'évacuation déversoir " (voir 9.4.4.2).
A titre d'exemple, dans le cas d'une protection en gravillon de 4 cm d'épaisseur, la charge d'eau supplémentaire est de 70 daN/m² (eau contenue dans la hauteur du gravillon + 5 cm au-dessus).
9.4.2 Constitution des ouvrages d'étanchéité en partie courante
Les dispositions concernant les terrasses inaccessibles sont modifiées ou complétées comme suit :
9.4.2.1 Isolants
Ne sont admis que les isolants prévus pour les toitures techniques. Dans le cas d'une isolation inversée, le Document Technique d'Application 31 de l'isolant doit viser l'emploi en toiture destinée à la retenue temporaire des eaux pluviales.
Ou son équivalent dans les conditions indiquées dans l'avant-propos.
9.4.2.2 Revêtements d'étanchéité
Les revêtements en feuilles doivent avoir un classement I4 au moins.
Les revêtements asphalte admis sont donnés dans le tableau 33 :
Tableau 33 Retenue temporaire des eaux pluviales - Composition des revêtements asphalte
9.4.2.3 protection rapportée
Elle est obligatoire et en gravillon, conforme au paragraphe 6.6.3.1.2.1 (épaisseur minimale 0,04 m).
Dans le cas de l'isolation inversée, la protection est définie dans le Document Technique d'Application 32 de l'isolant.
Ou son équivalent dans les conditions indiquées dans l'avant-propos.
9.4.3 Relevés
Les prescriptions de NF P 10-203-1 (Référence DTU 20.12) concernant les reliefs sont modifiées et complétées comme suit :
les reliefs (acrotères, massifs, dés, supports d'ancrage, costières de lanterneaux,...) sont en béton armé ;
leur hauteur minimale est de 0,25 m au-dessus du gravillon.
Les relevés sont mis en oeuvre directement sur les reliefs sans interposition d'isolant thermique. Ils sont autoprotégés et leur composition est identique à celle donnée :
au a) du cas général du paragraphe 7.1.3.2.2.1, lorsqu'ils sont raccordés à un revêtement asphalte ;
-
au a) du cas général du paragraphe 7.1.3.2.2.2, lorsqu'ils sont raccordés à un revêtement bicouche SBS (voir figure 67).
Figure 67 Toitures-terrasses destinées à la retenue temporaire des eaux pluviales Exemple de relevé avec retrait sans becquet
9.4.4 Evacuations pluviales
9.4.4.1 Descentes
Elles sont implantées et dimensionnées suivant les règles habituelles en fonction de la surface collectée (voir 8.6). Elles comportent les dévoiements nécessaires dans le cas d'évacuations distinctes (voir 9.4.4.2).
9.4.4.2 Entrées d'eaux pluviales
Les eaux pluviales doivent pouvoir être évacuées à deux niveaux ; le système comporte :
-
Une " évacuation permanente " au niveau du revêtement d'étanchéité. Le dimensionnement de cette évacuation (forme, section des ouvertures) est déterminé par le débit maximum indiqué dans les DPM. La réalisation de cette évacuation diffère de celle déterminée par les règles habituelles (voir 8.6). Elle dépend des surfaces de toiture et des contraintes locales de rejet dans les réseaux. Une méthode de dimensionnement figure dans le fascicule de documentation NF P 84-204-3.
NOTE 1Ce dimensionnement n'est pas à la charge de l'entrepreneur d'étanchéité (voir NF P 84-204-2 - CCS du DTU 43.1 ).
-
Une " évacuation déversoir ". Cette évacuation assure une fonction de sécurité pour éviter les surcharges accidentelles et le dépassement du niveau au-dessus des relevés ; elle est dimensionnée (section) suivant les règles habituelles (voir 8.6) de façon à assurer un débit normal de l'écoulement des eaux pluviales ; son niveau est situé à 0,05 m au-dessus de la couche de gravillons.
NOTE 2Ces deux évacuations peuvent être distinctes (exemple figure 68) ou solidaires (exemple figure 69). Elles n'interviennent que pour une seule vis-à-vis du nombre minimal de descentes et vis-à-vis de leur section (voir 8.6).
Figure 68 Toitures-terrasses destinées à la retenue temporaire des eaux pluviales Exemple d'évacuation permanente et d'évacuation déversoir distinctes
Figure 69 Toitures-terrasses destinées à la retenue temporaire des eaux pluviales. Exemple d'évacuation permanente et d'évacuation déversoir solidaires
9.4.4.3 Garde-grève, crapaudines
Ils gardent leur fonction de retenue des gravillons, feuilles et détritus, particulièrement importante avec ce type de toiture (voir Annexe A - Entretien).
Leurs dimensions sont celles définies au paragraphe 8.6.3.
Ils n'ont pas pour rôle de réguler le débit.
9.4.4.4 Trop-pleins
Leur nombre et leurs dimensions respectent les exigences habituelles. Leur niveau est situé à 0,10 m au-dessus du gravillon.
9.4.5 Ventilations et sorties diverses (crosses de passage de câbles, ...)
A l'exception des orifices servant de trop-plein, leur hauteur est de 0,25 m au moins au-dessus du gravillon.