6 Incidences générales d'une isolation thermique extérieure
Le choix d'un ouvrage d'ITE implique de tenir compte des paramètres suivants :
la conception des éléments en saillie par rapport à la façade (balcons, loggias, coursives,...) doit permettre une continuité d'isolation ;
la conception soignée des détails de la façade et des points singuliers (la réalisation en phase de conception, d'un cahier des détails est fortement recommandée) en collaboration avec les entreprises concernées, garantit l'aspect et la longévité de la façade ainsi que la performance thermique prévue du bâtiment.
6.1 Ventilation
La conception de procédé d'ITE implique de respecter :
les règles de ventilation des locaux intérieurs par exemple : VMC ;
les règles de ventilation externes par exemple : l'absence d'obstruction de la lame d'air ventilée extérieure en bardage. Ceci afin d'éviter tout risque de condensation. Dans tous les cas l'air chargé d'humidité doit pouvoir circuler. Une mauvaise ventilation peut causer des risques de condensation et en conséquence des moisissures.
6.2 Murs en béton banché
Les dispositions de mise en oeuvre du NF DTU 21 s'appliquent aux parois extérieures destinées à recevoir un ouvrage d'ITE.
Les tolérances de planéité des ouvrages support d'une ITE doivent être inférieures ou égales à 10 mm sous la règle de 2 m.
Il est donc vivement recommandé au maître d'ouvrage de prescrire dans les DPM du lot gros oeuvre une finition courante au sens du NF DTU 21.
En l'absence de spécification dans les DPM du lot gros oeuvre, c'est la finition ordinaire qui est due pour les ouvrages en béton armé (au sens du NF DTU 21). Le maître d'ouvrage s'expose alors à devoir prescrire en phase chantier des travaux supplémentaires (qui devront être valorisés) afin de permettre la mise en oeuvre de l'ITE.
Rappel des tolérances de planéité de parement du NF DTU 21 (voir Tableau 3).
Tableau 3 Planéité et texture des parements en béton
Dans le cadre du respect des exigences de perméabilité à l'air, un soin tout particulier doit être porté au rebouchage systématique des trous des banches. Ces derniers devront être soit parfaitement remplis sur toute l'épaisseur de la paroi par un mortier sans retrait ou bien par les carottes tronconiques en béton, enduites au mortier de ciment et enfoncés à force.
6.3 Murs en maçonnerie de petits éléments
Les dispositions définies ci-après sont valables pour des parois traditionnelles en maçonnerie répondant aux critères de mise en oeuvre et aux règles de calcul du NF DTU 20.1.
Elles concernent uniquement les murs simples en maçonnerie de petits éléments (bloc de béton, briques, pierres naturelles, béton cellulaire) enduits ou non.
Les tolérances de planéité des ouvrages support d'une ITE doivent être inférieures ou égales à 10 mm sous la règle de 2 m.
Il est donc recommandé au maître d'ouvrage de prescrire dans les DPM du lot gros oeuvre une finition soignée au sens du NF DTU 20.1.
En l'absence de spécification dans les DPM du lot gros oeuvre, c'est la finition courante qui est due pour les ouvrages en maçonnerie de petits éléments (au sens du NF DTU 20.1). Le maître d'ouvrage s'expose alors à devoir prescrire en phase chantier des travaux supplémentaires (qui devront être valorisés) afin de permettre la mise en oeuvre de l'ITE.
Rappel des tolérances du NF DTU 20.1 (voir Tableau 4).
Tableau 4 Écarts admis pour les éléments de maçonnerie
On estime que les ouvrages d'ITE sont aptes à ponter la jonction entre la maçonnerie (lorsque celle-ci est de type remplissage) et le chaînage sans risque supplémentaire de fissuration soit par la présence d'armature dans l'enduit dont la fonction est de s'opposer à la formation d'une fissure, soit par la conception d'ossature supportant le bardage rapporté.
Lorsque les éléments en béton sont saillants vers l'extérieur, il convient que le procédé de l'ITE soit continu à l'extérieur de l'ossature saillante.
Une paroi maçonnée enduite sur une face répond aux conditions de perméabilité à l'air indépendamment du type de montage et du remplissage ou non des joints verticaux.
6.4 Choix du type de mur en fonction de son exposition à la pluie et au vent
Les différents cas d'exposition des murs extérieurs au vent et à la pluie sont définis par le NF DTU 20.1 P3.
Les niveaux de sollicitations des murs extérieurs isolés par extérieur sont plus faibles que ceux agissant directement sur les murs de façade non protégée :
les gradients thermiques sont nettement réduits ;
la quantité d'eau atteignant le mur est plus faible, voire négligeable ou nulle.
La paroi isolée ne subit plus les chocs thermiques violents (ensoleillement, gel, ...) et en conséquence, le risque de fissuration et donc de pénétration d'eau par infiltration est moindre ou nul.
Cependant, il convient d'éviter que les ouvrages d'ITE soient source d'infiltration d'eau en tête risquant d'augmenter la durée de présence de l'eau en contact de la maçonnerie.
Le processus de pénétration de l'eau dans et au travers du procédé d'isolation peut être soit capillaire, soit par infiltration (par joints ou fissures). De ce fait, ce sont à la fois les performances d'étanchéité à l'eau des matériaux de peau et la constitution des joints éventuels entre les éléments qui déterminent l'étanchéité à l'eau de l'ensemble ITE + mur support.
Dans les ouvrages d'ITE à lame d'air continue entre peau et isolant, ce dernier peut être plus sensible à l'eau quoique non hydrophile, alors que dans les ouvrages en ITE sans lame d'air, pour conserver son pouvoir isolant, l'isolant doit être insensible à l'eau liquide.
L'ensemble de ces considérations conduit à définir 4 types différents de murs isolés thermiquement par l'extérieur en fonction de leur composition. Le tableau ci-dessous indique l'utilisation de ces différents types de mur (notés XI, XII, XIII, XIV) en fonction de leur exposition à la pluie et au vent concomitants (selon Cahier du CSTB n° 1833 du mars 1983) [6].
Tableau 5 Types de mur XI, XII, XIII, XIV en fonction de leur exposition à la pluie et aux vents concomitants
Tableau 5 correspond aux hauteurs maximales s'il n'y a pas de contraintes techniques (définies dans les avis techniques ou les DTA des procédés) ou des exigences réglementaires (exemple : hauteurs limites par familles de bâtiments d'habitation) plus restrictives.
Définition des situations a, b, c et d de la construction :
constructions situées à l'intérieur des grands centres urbains (villes où la moitié au moins des bâtiments ont plus de 4 niveaux) ;
constructions situées dans les villes petites et moyennes ou à la périphérie des grands centres urbains ;
constructions isolées en rase campagne ;
constructions isolées en bord de mer ou situées dans les villes côtières lorsque ces constructions sont à une distance du littoral inférieure à 15 fois leur hauteur réelle et pour autant que les façades concernées soient des façades non abritées.
Cette définition est celle du NF DTU 20.1.
6.5 Toitures avec étanchéité
Prendre en considération les Recommandations professionnelles N° 4 de la CSFE « Pour la conception de l'isolation thermique des toitures-terrasses et toitures inclinées avec étanchéité » ainsi que les Recommandations Professionnelles RAGE « Isolation thermique et étanchéité des points singuliers de toitures avec éléments porteurs en maçonnerie ».
6.6 Menuiseries et fermetures
Prendre en considération les recommandations professionnelles de RAGE 2012, sur la mise en oeuvre des fenêtres et des coffres de volets roulants avec ITE. Pour les fermetures à panneaux se référer au cahier 3709 en cours de révision à la date de parution du présent document.
6.7 Electricité
Dès la conception du gros oeuvre il convient de prévoir le passage des canalisations électriques, emplacements des coffrets, boites de raccordement, passage des câbles, gaines dès la conception du gros oeuvre, fournir les plans des réservations.
Concevoir les fixations des luminaires en façades revêtues thermiquement, en fonction de leur forme, poids, (le détail des fixations et de leur étanchéité est à concevoir).
6.8 Chauffage et plomberie
Dès la conception du gros oeuvre il convient de prévoir les emplacements des réseaux (plancher, plafond, gaines techniques), notamment pour déterminer les réservations dans le lot gros oeuvre.
Les traversées de façade par des canalisations, bouches de ventilation, prises d'air doivent être prévues en fonction du type et de l'épaisseur de l'ITE avec leurs gaines.
6.9 Isolation enterrée
Prendre en considération les recommandations professionnelles – dossier 02 (octobre 2010) – de la Chambre Syndicale Française de l'Étanchéité (CFSE).