6 Prescriptions communes relatives à l'exécution
6.1 Prescriptions communes aux pieux bétonnés en place
6.1.1 Forage non soutenu
Un forage non soutenu est autorisé lorsque le sol demeure stable en cours d'excavation et jusqu'à la fin du bétonnage, et lorsqu'un effondrement des terrains est peu vraisemblable.
A défaut d'expérience comparable, on doit le démontrer en réalisant un forage par zone géotechnique homogène : on vérifie alors la stabilité du forage durant un temps T. Ce temps T est proposé par l'entrepreneur et n'est pas inférieur à 4 heures.
Ce temps T est défini de façon à ce que le délai de bétonnage, y compris attentes et incidents de chantier, soit inférieur ou égal à T/2.
Ce forage est ensuite remblayé, de façon à ne pas nuire aux fondations proches.
Des essais complémentaires peuvent être demandés par le maître d'oeuvre en cours de chantier.
L'examen du fond de pieu peut être contrôlé par mesure du fond (par exemple au fil à plomb) avant et à l'issue du temps T.
Ce forage constitue un essai de convenance défini au § 3.5 et n'est généralement pas réalisé sur un ouvrage définitif.
Les résultats peuvent conduire à n'autoriser l'emploi du procédé que dans une zone déterminée, dans la mesure où les reconnaissances permettent une délimitation satisfaisante.
6.1.2 Curage de fond de pieu
Le curage de fond de pieu ne concerne ni les pieux forés à la tarière creuse, ni les pieux réalisés par refoulement de sol.
Sauf dispositions contraires du marché, notamment liées à la mobilisation de l'effort de pointe, le forage du pieu est arrêté légèrement au-dessus de la côte prévue. La fin de forage et le curage sont réalisés immédiatement avant l'équipement de la cage d'armatures et le bétonnage. Si cette condition n'est pas satisfaite, le titulaire propose au visa du maître d'oeuvre les dispositions qu'il compte prendre.
Le curage du fond de forage consiste à éliminer correctement la totalité des déblais situés au fond, de façon à pouvoir bétonner dans des conditions satisfaisantes et surtout à obtenir un bon contact béton-sol, en pointe notamment.
Ce nettoyage permet en outre de régulariser la forme du fond de forage et d'extraire les sols remaniés par les outils du type tarière en particulier.
Dans le cas des pieux forés boue, ce curage doit être précédé par l'opération de dessablage ou de substitution de la boue. Avant bétonnage, les caractéristiques de la boue doivent être conformes aux Tableaux 1 et 2 de la norme NF EN 1536 paragraphe 6.2.1.3. Si ce n'est pas le cas, le dessablage doit être poursuivi après le curage.
Le forage est curé moins de 2 h avant le début du bétonnage, sauf précautions spéciales contre la décantation (ajout d'un colloïde par exemple).
Sur chaque chantier, on définit le temps entre la fin du curage du forage et le début du bétonnage, qui correspond sensiblement à la durée de descente de la cage d'armature.
Cette règle interdit notamment de curer le soir en vue d'un bétonnage le lendemain matin sans nouveau curage.
Les cages d'armatures sont mises en oeuvre de préférence avant bétonnage.
Dans le cas de délais nécessaires à la mise en place des armatures supérieurs à 3 h, une procédure particulière doit être proposée. Cette procédure, par exemple substitution de la boue, ou émulsion d'air comprimé, doit être évaluée au cours de l'essai de convenance.
A l'issue des 3 h, un prélèvement de boue en fond du forage doit être effectué. Si les caractéristiques de la boue sont correctes, le bétonnage peut être entrepris. Dans le cas contraire, on doit mettre en place la procédure particulière proposée jusqu'à obtention des caractéristiques de la boue nécessaires au bétonnage.
Figure 1 Nettoyage d'un fond de forage sous fluide stabilisateur ou sous boue
6.1.3 Recouvrement des armatures pour la manutention
Dans les cas courants, l'assemblage de deux tronçons de cage d'armatures est destiné à permettre la manutention et la mise en place dans le forage en vue du bétonnage. Il peut être assuré par points de soudure électrique, serre-câbles, ligatures, coupleurs, etc. La continuité des efforts dans le pieu en service n'est pas assurée par cette liaison provisoire de manutention.
6.1.4 Tubes d'auscultation
Lorsque des tubes d'auscultation des fondations sont prévus, ils doivent être rigides, étanches et protégés durant les travaux contre toute détérioration susceptible de nuire à leur utilisation. Ils sont placés de façon à ne pas nuire au bon enrobage des armatures.
Les tubes doivent dépasser d'au moins 30 cm du béton non recépé et de la plate-forme de travail.
Sauf disposition contraire du marché, les tubes métalliques utilisés pour les contrôles d'intégrité des pieux ou barrettes par la méthode par transparence doivent être des tubes manchonnés vissés.
La tolérance de profondeur d'exécution du forage est de + 0,25 m dans le cas des pieux munis de tubes d'auscultation. Si la profondeur réelle dépasse la base de pieu telle que prévue aux documents d'exécution de plus de 0,25 m, l'Entrepreneur titulaire du marché doit proposer au maître d'ouvrage les dispositions techniques additionnelles ou les adaptations permettant le contrôle d'intégrité jusqu'à la base du pieu réalisé.
6.1.5 Bétonnage à sec
Dans le cas des pieux forés bétonnés à sec, la mise en oeuvre du béton se fait au moyen d'une colonne de bétonnage pour éviter la dégradation des parois du forage lors du bétonnage.
Pendant le bétonnage, on doit maintenir la colonne au maximum 1 m au-dessus du béton frais dans le forage.
Cette colonne permet de contrôler la hauteur de chute libre du béton mais il n'est pas nécessaire de recourir à la technique du tube plongeur qui pourrait ne pas être adaptée à l'ouvrabilité choisie pour le béton.
6.1.6 Bétonnage en condition immergée
Dans le cas des pieux forés sous fluide stabilisateur ou si de l'eau est présente en fond de forage, la mise en oeuvre du béton se fait au moyen d'un tube plongeur pour éviter le délavage, la pollution et la ségrégation du béton.
Après l'amorçage (voir 6.1.6.2), le pied du tube plongeur ne doit jamais se trouver moins de 2 m sous le niveau atteint par le béton frais dans le pieu.
6.1.6.1 Tubes plongeurs
Le nombre de tubes plongeurs doit être déterminé de manière à limiter le cheminement horizontal du béton.
Dans des conditions usuelles, il convient que le cheminement du béton soit inférieur à 3 m.
Dans le cas d'utilisation de plusieurs tubes plongeurs pour une barrette ou un pieu de diamètre supérieur à 1,2 m :
l'amorçage doit être simultané dans chacun des tubes ;
il faut disposer et alimenter les tubes plongeurs de manière à assurer une remontée et un écoulement du béton raisonnablement uniformes.
Lorsqu'il y a plus d'une cage dans une barrette, il convient d'utiliser au moins le même nombre de tubes plongeurs.
6.1.6.2 Amorçage
Lors d'un bétonnage à l'aide d'un tube plongeur, l'amorçage est l'opération qui consiste à introduire les premières gâchées de béton dans le forage. Pour cette phase particulière, le titulaire précise dans la procédure d'exécution les moyens mis en oeuvre pour favoriser l'effet de chasse et de se prémunir de la ségrégation, du délavage et de la pollution du premier béton.
On évite le délavage et la pollution du premier béton généralement en interposant un bouchon ou un obturateur.
Lors de l'amorçage, on ne doit pas :
déverser directement du béton dans le tube plongeur ;
utiliser comme bouchon un matériau non approprié tel que papier, plastique, etc. ;
enlever l'obturateur avant qu'un dôme suffisant ne se soit formé dans l'entonnoir.
6.1.6.3 Points singuliers à vérifier
Au cours du bétonnage, si le béton descend dans le tube plongeur au-dessous de l'entonnoir, il y a lieu de prévoir un réapprovisionnement de béton continu et suffisant pour éviter la formation d'une poche d'air dans le tube.
6.1.7 Contrôle du niveau de béton
Lors du bétonnage d'une fondation, le niveau de béton frais dans cette fondation et dans les fondations voisines doit être vérifié.
6.1.8 Courbe de bétonnage
Une courbe de bétonnage permet de déterminer la relation entre le volume de béton incorporé et la hauteur de fondation bétonnée correspondante.
Le volume de béton doit faire l'objet d'une estimation pour chaque pieu, toupie par toupie. Par ailleurs, on établit, pour 1 pieu sur 50, une courbe de bétonnage détaillée ayant au moins 5 points régulièrement répartis sur la longueur du pieu.
La première courbe de bétonnage détaillée est établie sur l'un des 10 premiers pieux de chaque série de 50.
Le bétonnage au camion toupie de pieux de faible section nécessite de prévoir des dispositions particulières permettant une détermination avec une précision acceptable des volumes partiels mis en place lors de la montée du béton, de façon à obtenir ce minimum de 5 points.
La courbe de bétonnage est tracée par le responsable du chantier. Cette courbe est tenue à la disposition, sur le chantier, du maître d'ouvrage ou de son représentant.
Figure 2 Exemple de courbe de bétonnage
6.1.9 Recépage
L'entreprise en charge du recépage précise dans la procédure d'exécution les moyens de recépage et les dispositions qu'elle compte prendre pour assurer la qualité du béton à la cote d'arase.
Le recépage comporte :
une phase obligatoire d'enlèvement du béton durci au terme de laquelle le titulaire vérifie la qualité du béton sur la totalité de la section à la cote d'arase ;
éventuellement une purge par débordement ou enlèvement directement dans le forage de béton frais si la hauteur de purge et les conditions de terrain et de nappe permettent d'écarter les risques de resserrement du pieu.
Si l´élimination du béton de qualité insuffisante amène le niveau réel de recépage en-dessous du niveau théorique, le titulaire soumet au maître d'ouvrage la procédure de reprise (reconstitution du pieu ou de la barrette jusqu'au niveau d'arase par exemple).
Dans tous les cas, un recépage minimal de 10 cm est effectué sur le béton durci.
6.1.10 Pieu de convenance
Le pieu de convenance fait l'objet de la part du titulaire d'un document de suivi sur lequel sont consignés tous les éléments permettant de valider les procédures particulières de mise en oeuvre. Ces éléments viennent compléter le compte rendu individuel pour chaque fondation.
Il s'agit au minimum d'analyser les points suivants :
-
la coupe de sols levée par le personnel chargé de l'exécution d'après l'interprétation des indices relevés lors du forage :
dans le cas des pieux réalisés à la tarière creuse et des micropieux : sous forme d'enregistrement des paramètres de forage ; l'interprétation de cet enregistrement peut permettre également d'établir une correspondance avec la stratigraphie ;
dans le cas des fondations à refoulement de sol : en se basant sur les paramètres de fonçage (courbes de battage, effort de vissage, analyse de propagation des ondes…) ; l'interprétation de ces paramètres sert également de calage du modèle géotechnique ;
dans les autres cas, en réalisant des prélèvements de sol même très remaniés tous les mètres et à tout changement de lithologie ; les échantillons sont conservés à l'abri des précipitations et du gel durant toute la durée du chantier ;
-
les procédures particulières d'excavation :
outil utilisé, tenue et soutien des parois de forage ;
programme de fonçage, aide au fonçage éventuel, soudure, joint ;
les incidents éventuels : refus prématuré, déviations hors tolérance, etc. ;
les effets sur les avoisinants ;
-
et le cas échéant :
les caractéristiques du fluide stabilisateur,
les caractéristiques du béton ou coulis : consistance, densité ou viscosité le cas échéant, confection de deux échantillons soit 6 éprouvettes pour mesurer les résistances à 7 et 28 jours,
les résultats bruts et l'interprétation de l'essai par analyse de propagation d'ondes,
la procédure de mise en oeuvre des armatures,
la procédure d'amorçage du bétonnage ou la procédure de mise en place du coulis,
la procédure de recépage sur béton frais,
les procédures de remplissage, d'injection.
Ce pieu de convenance fait l'objet d'un compte rendu reprenant tous les aspects précédents qui auraient été rencontrés.
En cas d'écarts importants vis-à-vis des procédures d'exécution, le titulaire soumet au visa du maître d'oeuvre les dispositions qu'il compte prendre et met à jour la procédure d'exécution.
S'ils ne font pas partie de l'ouvrage, les pieux de convenance peuvent ne pas être bétonnés, mais dans ce cas doivent être remblayés. Le comblement de ces forages peut souvent être effectué avec les matériaux excavés ou avec une grave-ciment.
6.2 Prescriptions communes aux pieux battus
6.2.1 Longueur
La longueur des pieux est fonction de la fiche probable pour la charge prévue ; cette fiche est évaluée après reconnaissance du terrain complétée par les résultats du fonçage (refus).
La longueur prévisionnelle doit éviter, dans toute la mesure du possible, d'avoir recours ultérieurement à l'enture des pieux ou à l'allongement du tube de travail.
La longueur correspondant à la fiche doit être augmentée, d'une part pour tenir compte, s'il y a lieu, de l'imprécision des moyens de détermination qui précèdent et notamment de l'hétérogénéité plus ou moins grande des terrains traversés, d'autre part pour réserver la hauteur nécessaire au recépage et à l'encastrement dans les chevêtres ou massifs de fondation.
La longueur des éléments est conditionnée par des critères de manutention (tels que le poids, l'accessibilité aux moyens de chantier, la résistance à la flexion lors du levage, ...) et de fonçage (élancement du pieu, hauteur libre sous le casque de battage).
6.2.2 Distance entre pieux
Dans le cas de pieux de catégorie 11 (au sens de l'Annexe A de la NF P 94-262) et/ou sauf dispositions particulières (démontrées par l'essai de faisabilité), la distance de nu à nu entre deux pieux voisins est choisie supérieure à 2 diamètres, sans pour autant descendre en dessous de 1 m.
Il est rappelé que les pieux sans tubage permanent ne peuvent pas être mis en place à une distance inférieure à 6 diamètres d'axe à axe des pieux voisins avant que le béton de ceux-ci n'ait atteint une résistance suffisante.
L'essai de convenance peut être utile pour déterminer la distance minimale entre pieux voisins.
6.2.3 Sabots et dispositifs divers
Les sabots sont placés habituellement pour faciliter le battage à travers des couches plus dures ou compactes et protéger la pointe du pieu.
Lorsque la nature du terrain permet un battage facile, on peut se dispenser du sabot.
6.2.4 Dispositifs de guidage
L'emploi de jumelles pendantes doit s'accompagner de précautions permettant d'assurer l'implantation correcte du pieu.
Dans tous les cas, il faut assurer et maintenir l'implantation et l'orientation du pieu (vérification dans deux directions sensiblement orthogonales).
Le terme « jumelles pendantes » signifie que les guides de battage sont simplement suspendus à l'engin de levage. Selon les fabricants, ces dispositifs peuvent porter des noms différents tels que « mâts oscillants » ou « suspendus ».
Dans les sonnettes, le dispositif de guidage (jumelles) est généralement articulé à sa partie supérieure (cardan, rotule, ...) et il est fixé à sa partie inférieure sur un système triangulé comportant des vérins qui permet de régler l'inclinaison du pieu dans une ou plusieurs directions. Ces dispositifs peuvent être appelés « mâts pendants » ou « pivotants ».
Si le mouton n'est pas guidé par des jumelles, le pieu doit être haubané.
6.2.5 Mouton de battage
Sauf disposition contraire à soumettre à l'accord du maître d'oeuvre, le poids du mouton doit être compris entre une limite supérieure égale à la somme du poids des éléments entraînés par sa chute (pieu + casque + faux pieu) et une limite inférieure au moins égale à la moitié de cette somme.
Pour les moutons diesel, le poids du mouton est au moins égal à un sixième de la somme du poids des éléments entraînés.
Dans le cas du mouton diesel, on tient compte du fait que l'énergie de battage peut être réglée par l'intermédiaire de l'injection du combustible.
L'énergie peut ainsi varier sensiblement entre le maximum caractéristique du mouton et environ la moitié.
L'énergie nominale indiquée par les constructeurs est l'énergie maximale.
Dans quelques cas, on peut être conduit moyennant certaines précautions au battage à utiliser un mouton dont le poids dépasse la limite supérieure indiquée dans le texte (pieux à bulbe, par exemple).
6.2.6 Casque de battage
L'emploi d'un casque de battage est obligatoire lorsque le choc direct du mouton est susceptible de dégrader la tête du pieu.
On s'assure que les casques ne nuisent pas au rendement du battage en comparant, au début des opérations de battage, les refus obtenus avec ou sans casque sur les premières volées de contrôle.
6.2.7 Courbe de fonçage
Pour les pieux battus, on fournit la courbe de battage pour les trois dernières volées de 10 coups pour chaque pieu.
Pour chaque pieu de convenance, on procède à l'établissement d'une courbe de fonçage complète établie en portant en ordonnées les profondeurs et en abscisses la résistance dynamique.
Sur les trois derniers mètres, tous les 1 m de profondeur, on relève le refus élastique et on porte sur le graphique de fonçage les quatre points représentatifs obtenus par la formule de Crandall, ou formule équivalente (par exemple Hiley) ou formule déduite d'équation d'ondes sans coefficient de réduction.
Pour les pieux vibrés, on fournit des enregistrements de paramètres pour chaque pieu.
6.2.8 Refus au battage
Les pieux sont battus jusqu'à ce que leur pointe atteigne une cote déterminée, en vérifiant que le refus obtenu correspond aux prévisions. Si cette condition n'est pas remplie, il y a lieu de prendre des dispositions spéciales selon les cas :
Refus prématuré qui peut être réglé par la purge de l'obstacle ;
Refus non représentatif qui peut être rendu représentatif au bout d'un certain délai par un sur-battage ;
Adaptation du matériel et/ou de la procédure de battage.
La poursuite du battage jusqu'à ce que la pointe des pieux atteigne une cote déterminée s'entend sous réserve d'être compatible avec la résistance du pieu.
Le refus doit être mesuré sur trois volées de dix coups de mouton. Cette mesure intervient dans la foulée de l'enfoncement par battage, sauf disposition contraire des documents particuliers du marché.
L'entrepreneur doit justifier du rendement du mouton et tenir compte de la perte d'énergie due à l'emploi d'un casque ou, s'il y a lieu, d'un faux pieu.
Le refus au battage n'a qu'un caractère relatif et ne peut être utilisé qu'à titre de vérification des prévisions résultant de l'étude de sols préalable. Il permet alors de s'assurer que le pieu a atteint la couche portante ou qu'il a obtenu dans celle-ci l'ancrage nécessaire.
Dans le cas d'atteinte d'une couche portante, le refus risque d'être obtenu plus ou moins brutalement et il est nécessaire d'adapter l'énergie de battage à l'approche de la couche portante pour éviter une rupture du fût du pieu. Sinon, le refus n'est obtenu que progressivement.
Il y a lieu de souligner que, dans certains terrains, le refus au battage n'est pas significatif : c'est le cas en particulier des terrains à caractère thixotropique (craie, argile sensible) et des milieux sablo-graveleux lâches et saturés pour lesquels les refus au battage peuvent rester importants, même si la capacité portante est atteinte.
Inversement, des couches intercalaires particulièrement compactes, de faible épaisseur, peuvent être à l'origine d'un faux refus.
Dans le cas de l'utilisation d'un équipement de fonçage particulier tel que des vibrofonceurs, les conditions de refus sont déterminées de manière à donner, dans chaque cas concret, des résultats en relation avec la force portante du pieu.
Lorsque l'on utilise l'analyse de la propagation d'ondes dans le pieu pour évaluer la portance des pieux isolés en compression, la validité de l'analyse doit avoir été démontrée par la preuve antérieure du bon comportement de pieux de même type, de longueur et de section similaires et dans des conditions de terrain semblables, soumis à des essais de chargement statique.
6.2.9 Amorce de rupture - arrêt absolu à un niveau anormalement élevé (faux refus)
Sauf décision contraire du maître d'oeuvre, motivée par des essais appropriés, tout pieu qui présente, au cours du battage, une amorce de rupture ou un refus absolu à un niveau anormalement élevé, est remplacé après avoir été soit arraché, soit, avec l'autorisation du maître d'oeuvre, abandonné.
A moins d'un défaut de résistance du béton ou d'erreur dans la détermination des armatures, les ruptures proviennent, en général, d'un battage excessif ou de la rencontre d'un obstacle enterré. Un battage à l'abord d'une couche de terrain très compacte peut produire le même effet. On décèle, en général, les ruptures par un changement de direction du pieu ou par une anomalie dans l'allure de la courbe de battage du pieu comparativement à celle des pieux voisins.
Les amorces de rupture peuvent être également mises en évidence par différentes méthodes d'auscultation dynamique ou, éventuellement, par des essais de mise en pression hydraulique d'un canal réservé à cette fin dans l'axe du pieu.
Lorsqu'il y a amorce de rupture ou faux refus, l'entrepreneur avise, sans délai, le maître d'oeuvre lequel en réfère au géotechnicien.
6.2.10 Cas particulier du faux pieu
Le faux pieu est un élément fixé provisoirement en tête de pieu pour permettre d'en poursuivre l'enfoncement en-dessous de la plate-forme de travail. Ce faux pieu est retiré et la cavité remblayée. Des travaux supplémentaires de génie civil peuvent s'avérer nécessaire pour assurer la liaison entre le niveau de recépage et la structure.
Les faux pieux sont employés lorsque le niveau de la sonnette ou celui des jumelles coulissantes ne permet pas au mouton de descendre jusqu'au niveau correspondant à la fin du battage.
Ils impliquent un coefficient de réduction dans l'application des formules de battage. Ce coefficient doit résulter de mesures comparatives effectuées avec et sans faux pieu tant que la mesure est possible.
6.2.11 Cas particulier du rebattage
Il y a lieu à rebattage :
en cas d'enture de pieu ;
sur les pieux appartenant à un groupe de pieux dont la remontée totale est supérieure à 7 mm.
La remontée de 7 mm est acceptable pour des structures courantes. Elle peut être modifiée par les documents particuliers du marché.
En dehors des cas d'enture, d'incidents mécaniques, ou de remontée des pieux, un rebattage peut être envisagé chaque fois qu'à partir des résultats de la reconnaissance des sols, on présume que le refus peut varier en fonction du temps ; dans le cas de sols argileux, il y a lieu d'attendre trois à quatre jours entre battage et rebattage.
En cas de rebattage, les premiers refus sont mesurés dans les mêmes conditions que pour les dernières volées qui ont précédé l'arrêt du battage et il convient de noter, en sus des renseignements portés au carnet de battage, pour quel nombre de coups et quelle hauteur de chute du mouton est obtenue la reprise de l'enfoncement du pieu.
Lorsqu'il y a enture, il convient de noter, en outre :
la profondeur atteinte au moment de la mise en place de l'enture ;
les modifications résultant de cette dernière sur le poids et sur la longueur du pieu.
Lors de la reprise, le battage est conduit avec précaution à énergie réduite, de façon à éviter une trop forte sollicitation du pieu jusqu'à retrouver le refus noté avec l'arrêt. Le battage est ensuite poursuivi normalement.
Une reprise du battage directement à l'énergie maximale initiale risquerait de provoquer la rupture du pieu, notamment si le faible refus enregistré n'est dû qu'aux résistances latérales (reconsolidation du sol encaissant).
6.2.12 Cas particulier du lançage
Le recours au lançage ne dispense pas de terminer l'enfoncement du pieu par un battage avec contrôle du refus suivant les modalités prévues au paragraphe 6.2.8.
D'une manière générale, le lançage réduit le frottement latéral et ne peut être utilisé qu'avec l'accord du maître d'oeuvre, lequel en réfère au géotechnicien.
Dans les terrains sableux, les difficultés rencontrées dans le fonçage par battage peuvent conduire à lui associer le lançage. Celui-ci ne doit pas entraîner de désordre dans le terrain en dehors d'une zone limitée autour du pieu et, notamment, ne pas affecter la stabilité des pieux voisins.
Il est conduit de manière à ne pas entraîner de déviation importante. Il est évité dans le cas de pieux inclinés.
En tout état de cause, le lançage est arrêté à une distance suffisante au-dessus de la cote présumée d'arrêt de la pointe, de manière à permettre la fin de mise en place du pieu par battage seul.
6.2.13 Flambement lors de la mise en oeuvre
La longueur du pieu hors sol lors de sa mise en oeuvre doit être vérifiée au flambement.
Cette vérification peut être réalisée lors de l'essai de convenance.
Le risque de flambement peut être évité par la mise en place de guides disposés le long du mât de battage.
6.2.14 Dispositions communes aux pieux métalliques
6.2.14.1 Soudure
Les éléments constitutifs d'un même pieu sont soudés bout à bout, soit en position, soit à plat.
Les éléments soudés en position doivent être maintenus, pendant le soudage, par un carcan ou un gabarit.
Dans le cas où les éléments sont soudés à plat, il convient de disposer d'un nombre suffisant de points d'appui pour obtenir un alignement correct des éléments consécutifs en évitant leur déformation.
Le soudage est effectué par passes symétriques et uniformes, de façon à ne pas créer dans le métal des contraintes qui, se libérant lors de la dépose des carcans, pourraient modifier l'alignement des éléments du pieu.
6.2.14.2 Corrosion
La protection éventuelle du pieu hors sol contre la corrosion ne relève pas du présent DTU.
6.2.15 Recépage
Le recépage d'un pieu en béton ou en acier est obligatoire en cas de dégradation de sa tête.
S'il est constaté une dégradation de la tête de pieu en béton armé préfabriqué, le béton défectueux en tête du pieu fini doit être retiré jusqu'au béton sain ; dans ce cas, sauf indication contraire ou impossibilité, la hauteur minimale de béton à éliminer est au moins égale à 2,5 fois la largeur du pieu.
La largeur correspond au diamètre pour un pieu de section circulaire et au plus petit côté pour un pieu de section autre que carrée ou circulaire.
Sauf disposition contraire du marché, la longueur d´armatures dégarnie est au moins égale à la longueur de scellement utile.
L'élimination de la partie supérieure endommagée par le fonçage est obligatoire dans le cas des ouvrages métalliques.
6.2.16 Liaison avec la structure
La tête d'un pieu métallique doit être coiffée par une platine métallique.
La liaison pieu acier-semelle peut être métallique ou mixte acier-béton.
6.2.17 Pieu de convenance
Sauf disposition contraire du marché, chaque pieu de convenance fait l'objet d'un essai de suivi de battage par analyse de la propagation des ondes à partir d'une instrumentation appropriée du mouton et du pieu pour enregistrer l'accélération, la contrainte et l'énergie délivrée par le mouton.
On rappelle que le dimensionnement est réalisé à partir de la méthode du pieu modèle, du modèle de terrain ou à partir d'essai(s) de chargement, et non pas à partir de la courbe de battage.
6.3 Prescriptions communes aux micropieux
Les micropieux doivent être équipés d'une armature métallique constituée par des tubes, des barres, des torons ou des profilés introduits dans un forage.
On rappelle que tous les éléments foncés, y compris de petit diamètre, relèvent du paragraphe 6.2.
Le scellement des micropieux peut être réalisé par gravité (type II) ou par des injections de coulis ou de mortier sous pression plus ou moins élevées et selon des méthodes d'injection différentes (type III ou IV).