7 Prescriptions relatives à l'exécution
7.1 Manutention et stockage
Pour les constituants, durant les phases de stockage, confection, manipulation, transport et mise en place, l'entreprise doit prendre des dispositions pour en assurer la protection et pour éviter les souillures (au besoin par l'emploi de procédés permettant de corriger les effets néfastes de ces facteurs).
En particulier contre les actions ambiantes (pluie, gel, vent, ensoleillement, ...).
7.2 Coffrage - étaiement
Les dispositions concernant les ouvrages provisoires sont définies le cas échéant dans les spécifications d'exécution, (en conformité avec la NF EN 13670/CN).
Les coffrages, étaiements et sous étaiements, ainsi que leurs assises, doivent présenter une rigidité suffisante pour résister, sans tassements ni déformations nuisibles, aux actions de toute nature qu'ils sont exposés à subir pendant l'exécution des travaux, et notamment aux efforts engendrés par le serrage du béton.
Les charges de chantier (poids du béton frais lors du coulage, lest de coffrage, matériels et matériaux, ...) doivent être reprises sur plusieurs niveaux de planchers inférieurs à l'aide de sous étaiements adaptés, maintenus en place pendant la durée nécessaire (sauf indications particulières).
Les coffrages doivent être suffisamment étanches pour que la mise en place du béton ne soit pas une cause de perte de ciment et de fines.
7.3 Façonnage et mise en oeuvre des armatures
7.3.1 Façonnages des armatures
La coupe des aciers doit être faite mécaniquement. Pour les ronds lisses elle peut également être faite par effet thermique.
Le façonnage doit être fait conformément aux prescriptions détaillées dans la NF EN 13670/CN. Le chauffage en vue de leur façonnage est proscrit. Sachant que les ronds lisses ne peuvent être utilisés qu'en acier de montage ou de levage.
Le façonnage des armatures n'est pas admis lorsque la température ambiante est inférieure à - 5 °C, sauf si le document de référence l'autorise.
Le redressage d'armatures pliées n'est admis que si toutes les conditions ci-après sont remplies :
-
les aciers sont aptes au redressage après pliage pour le diamètre utilisé ;
NOTE 1Il est admis que l'emploi d'aciers qui font l'objet d'une certification AFCAB (Association Française de Certification des Armatures du Béton) ou son équivalent, dans les conditions indiquées dans l'avant-propos, incluant l'aptitude au redressage après pliage, permet de satisfaire cette exigence.
cette opération n'est effectuée qu'une seule fois ;
l'outillage utilisé permet de limiter les concentrations de contraintes dans l'acier ;
la procédure de redressage de l'acier permet d'obtenir un fonctionnement conforme aux exigences du béton armé ;
il n'y a pas de soudure dans la zone de redressage.
7.3.2 Mise en place et fixation des armatures
Lorsqu'il y a risque de confusion sur le chantier, il n'est pas admis d'employer dans un même ouvrage des aciers de même apparence géométrique ayant des caractéristiques différentes.
Un moyen d'éviter tout risque de confusion sur le chantier est de stocker séparément ou d'adopter un repérage particulier des aciers.
Au moment du bétonnage la surface des armatures doit être exempte de rouille non adhérente et de substances délétères susceptibles d'affecter les propriétés de l'acier, du béton, ou de l'adhérence acier-béton ; une oxydation superficielle est acceptable.
Les armatures doivent être mises en place conformément aux dispositions définies dans les plans, compte tenu des prescriptions du 9.1 et de l'Article 10.
L'enrobage est défini comme la distance de l'axe d'une armature à la partie courante de la paroi la plus voisine diminuée du rayon nominal de cette armature, après enlèvements éventuels de matière postérieurs à la mise en place du béton (par exemple, bouchardage).
Ces armatures doivent être fixées entre elles et calées au coffrage, de manière à ne subir aucun déplacement ni aucune déformation hors tolérances lors de la mise en place du béton.
La nature des cales et leur positionnement dans le béton doivent permettre d'assurer la protection des armatures contre la corrosion, les exigences de parement et, le cas échéant, la résistance au feu.
7.3.3 Soudage
Dans le cas d'acier soudable au sens des normes, le soudage doit être effectué conformément aux prescriptions correspondantes, notamment celles citées dans la NF EN 13670/CN.
Aucun soudage ne doit être exécuté sur chantier dans une partie courbe d'une barre principale dont le diamètre du mandrin de cintrage est inférieur à 20 diamètres de la barre. Il est néanmoins possible de déroger à cette règle après accord du Maître d'Ouvrage.
7.3.4 Dispositifs de raboutage et dispositifs d'ancrage d'aciers pour béton armé
Les dispositifs de raboutage (manchons, coupleurs, ...) et dispositifs d'ancrage d'aciers pour béton armé doivent respecter les spécifications du NF DTU 21 P1-2.
7.4 Bétonnage
7.4.1 Transport du béton
Après transport le béton ne doit pas présenter de ségrégation.
Le transport du béton entre le lieu de fabrication et le lieu de livraison doit s'effectuer conformément aux exigences de la NF EN 13670/CN.
En raison de ses effets particulièrement nocifs sur le béton, notamment sa résistance, son retrait et sa porosité et par voie de conséquence sur sa fissuration et sur sa durabilité, tout ajout d'eau après fabrication et avant mise en place n'est pas admis.
7.4.2 Mise en place du béton
7.4.2.1 Généralités
Le béton ne doit être mis en place qu'au contact de surfaces et dans des volumes débarrassés de tous corps étrangers.
Lorsque les coffrages et/ou les supports sont susceptibles d'absorber l'eau ou de favoriser son évaporation, ils doivent être convenablement humidifiés.
Le béton doit être mis en place avant tout commencement de prise par des procédés lui conservant son homogénéité, conformément à l'Article 8 et à l'Annexe F de la NF EN 13670/CN. En particulier, on doit éviter l'accumulation locale du béton, génératrice de ségrégation, et, dans le cas d'un ouvrage sur étaiement, de charges concentrées.
Sauf justification particulière par essais, le délai total entre le début de la fabrication (premier contact eau/ciment) et la fin de la mise en oeuvre ne doit pas dépasser 2 heures, lorsque la température ambiante est voisine de 20 °C. Il convient de tenir compte d'un délai de mise en oeuvre qui est, en général, de l'ordre d'une demi-heure.
Dans le cas de recouvrements de béton vibré, le délai de deux heures doit être compté à partir du début de fabrication du béton recouvert.
Le serrage du béton, autre qu'autoplaçant au sens de la NF EN 206/CN, peut être obtenu par damage ou vibration, en dehors des cas spécifiques faisant l'objet de normes particulières.
Le choix de la technique de vibration est à adapter en fonction de la partie d'ouvrage considérée :
pour la vibration interne ou pervibration (transmise dans la masse du béton par aiguille vibrante), l'efficacité (rayon d'action) dépend de divers facteurs propres à l'outil, comme le diamètre, la masse, la longueur et la fréquence de l'aiguille vibrante et son pas de vibration ;
l'utilisation d'une aiguille vibrante ne doit pas servir à déplacer le béton et le contact de l'aiguille avec les armatures doit rester exceptionnel. L'immersion des aiguilles se fait verticalement et rapidement, chaque fois que possible, et la durée d'immersion doit être limitée afin d'éviter la ségrégation du béton. Les aiguilles doivent être retirées lentement. Pour les voiles en partie courante, elles doivent être immergées rapidement et pénétrer dans la couche précédente ; pour la partie supérieure du voile, un complément de vibration peut s'avérer nécessaire ;
-
pour la vibration externe (transmise au béton par le coffrage ou par le moule), il convient de contrôler le niveau du béton afin de suivre sa progression ;
NOTEIl est conseillé d'étalonner les durées de vibration sur un élément témoin.
pour la vibration de surface (transmise au béton par sa surface au moyen d'une règle vibrante), son efficacité est limitée dans la profondeur du béton. En ce sens, elle convient pour des dalles ou dallages jusqu'à 15 cm d'épaisseur, avec un outillage adapté.
7.4.2.2 Mise en place par pompage
Dans le cas de pompage du béton, il convient de prendre en compte les recommandations suivantes :
avant le début de l'opération de pompage, la pompe doit être amorcée avec une barbotine (qui ne doit pas être intégrée à l'ouvrage) ;
pour des distances de pompage supérieures à 50 m, il est nécessaire de fabriquer une barbotine de ciment en centrale à béton ;
pour des distances inférieures, on peut utiliser une barbotine de synthèse prête à l'emploi en sac ;
en fin de l'opération de pompage, il est nécessaire de nettoyer la tuyauterie de la pompe à béton ; des dispositions adaptées doivent être prévues sur le chantier.
Dans les cas usuels, la distance maximale de pompage est d'environ 300 m horizontalement et 100 m verticalement. Au-delà, le matériel et la formulation du béton devront justifier l'aptitude au pompage du béton sur la distance considérée.
7.4.3 Reprise de bétonnage
On entend par reprise de bétonnage, une surface de contact d'un béton ayant déjà fait prise avec un béton frais.
En dehors des cas prévus dans le dossier des spécifications d'exécution, les reprises de bétonnage complémentaires éventuelles doivent être soumises à l'avis de l'ingénieur d'études.
La surface de reprise doit être propre et traitée de façon à obtenir la qualité d'interface recherchée, sans toutefois dégrader la zone de béton proche de cette interface.
Lors du coulage du béton, la surface de reprise doit faire l'objet d'un traitement pour répondre à l'exigence cidessus.
Dans le cas du béton autoplaçant, on doit veiller à la continuité de la mise en place du béton pendant un même coulage.
7.4.4 Effet des conditions ambiantes
Les prescriptions de fabrication et mise en place du béton sont prévues pour des conditions ambiantes courantes sur les lieux d'utilisation.
Il faut également protéger le béton au jeune âge contre les vibrations préjudiciables, les chocs et tout effet dommageable.
Dans le cas de béton d'ingénierie, les dispositions particulières concernant la mise en oeuvre et la cure doivent être précisées dans les spécifications d'exécution.
Cure du béton
Le béton au jeune âge doit faire l'objet d'une cure et d'une protection afin de :
minimiser le retrait plastique ;
assurer une résistance et une durabilité convenables en surface.
La méthode de cure permet de réduire le taux d'évaporation de la surface du béton ou de maintenir celle-ci en état permanent d'humidité.
Le Tableau 4 « Classe de cure » de la NF EN 13670/CN définit une classe de cure 1, qui est la classe de cure habituelle pour les travaux de bâtiments, sauf spécification particulière.
La cure doit être entreprise sans délai après les opérations de serrage et surfaçage du béton pour les horizontaux, complétée, si nécessaire, dès le décoffrage pour les verticaux.
La cure peut être effectuée par :
le maintien du coffrage en place pour les éléments verticaux ;
l'application sur le béton d'une bâche hermétique et étanche à la vapeur ;
la mise en place sur la surface du béton de couvertures mouillées avec maintien de leur surface humide ;
un apport d'eau assurant une surface du béton visiblement humide ;
l'utilisation d'un produit de cure conforme aux normes en vigueur.
Les procédés de cure par arrosage, humidification ou immersion ne sont pas admis dans le cas de bétonnage par temps froid.
Dans le cas où l'ouvrage nécessite une protection thermique, le choix des dispositions ci-dessus seront réalisés en conséquence.
Dans le cas de béton ne relevant pas de l'approche prescriptive de la NF EN 206/CN, il convient de prendre en compte la sensibilité de la formulation à la mise en oeuvre du béton et à sa cure.
Conditions climatiques
Sauf dispositions contraires des DPM, la mise en place n'est pas autorisée lorsque la température ambiante sur chantier est inférieure à - 5 °C ou supérieure à + 40 °C.
Bétonnage par temps froid
Lorsque la température ambiante prévisible sur chantier est comprise entre - 5 °C et + 5 °C, les dispositions décrites dans les spécifications d'exécution faisant partie des DPM doivent être prises pour la mise en place du béton jusqu'à ce que la zone de surface ait atteint une résistance suffisante pour résister au gel (par exemple 5 MPa) en complément de celles relatives à la cure du béton.
Ces dispositions peuvent être, par exemple, le chauffage du béton, l'utilisation de coffrages isolants.
Il faut protéger le béton au jeune âge contre le gel ; si malgré les précautions particulières mises en oeuvre, une partie du béton venait à geler, cette partie doit être démolie.
Bétonnage par temps chaud
Pour les périodes où la température ambiante prévisible sur chantier est comprise entre 32 °C et 40 °C, les dispositions décrites dans les spécifications d'exécution faisant partie des DPM doivent être prises en complément de celles relatives à la cure du béton.
Ces dispositions peuvent être, par exemple, l'utilisation d'une formulation de béton adaptée, l'utilisation d'eau refroidie, choix des horaires de bétonnage.
7.4.5 Décoffrage et désétaiement
Les opérations de décoffrage et de désétaiement doivent être conformes à la NF EN 13670/CN.
Le décoffrage et le désétaiement doivent être effectués sans chocs ni secousses.
Par temps froid, les délais avant décoffrage doivent tenir compte de l'augmentation du temps de prise et du ralentissement du durcissement du béton, à défaut de précaution particulière concernant la maturation du béton.
7.4.6 Rebouchage, ragréage et finitions
Les réservations nécessaires à l'exécution des ouvrages et qui ne peuvent subsister à l'état définitif doivent être rebouchées de façon à obtenir les performances exigées pour l'ouvrage fini.
Si les ouvrages présentent certains défauts localisés (armatures accidentellement mal enrobées, épaufrures, nids de cailloux, ...), il faut s'assurer que ces défauts ne sont pas de nature à mettre en cause la qualité de ces ouvrages, auxquels cas tous travaux de réfection nécessaires doivent être entrepris avant un éventuel ragréage.
Des opérations de ragréage (dressage des surfaces et des feuillures, enlèvement des balèvres, traitement des nids de cailloux, ...) peuvent être nécessaires pour respecter les tolérances dimensionnelles de l'ouvrage fini.
Dans tous les cas, il doit être tenu compte des informations connues dans la destination du parement, lors du choix des produits et méthodes de ragréage, rebouchage et finition (par exemple le NF DTU 52.2 pour le carrelage).
7.4.7 Percements et scellements
Les percements et scellements dans le béton durci ne doivent pas affecter les performances de l'ouvrage fini.
7.4.8 Information
En cas d'utilisation d'un produit de démoulage, de cure ou de ragréage, la fiche du produit doit être tenue à disposition du Maître d'OEuvre compte tenu des possibles interactions avec les revêtements appliqués ultérieurement.
7.5 Pièces préfabriquées en béton
A la livraison et réception des produits, il est recommandé qu'une personne présente sur le chantier vérifie la conformité du produit livré à l'aide du bon de livraison, du plan de pose fourni ou de tout autre document associé (nomenclature, spécification du type de produit).
Le stockage, la manutention, la mise en place et l'étaiement des pièces préfabriquées doivent être exécutés de telle sorte que les performances exigées pour l'ouvrage fini soient obtenues.
La stabilité de ces pièces préfabriquées doit, en outre, être assurée durant toutes ces phases.
Un schéma de levage définissant les points de suspension et les forces maximales associées, les dispositions du système de levage et, si nécessaire, toute prescription particulière, doit être disponible. Le poids total doit être précisé pour chaque élément. Ces différents éléments doivent être définis par le préfabricant.
7.6 Cas particulier de la précontrainte par post-tension
La post-tension, dénommée ainsi parce que la tension des armatures de précontrainte intervient après que le béton a atteint une résistance suffisante, fait appel à un matériel spécifique et à une main-d'oeuvre spécialisée. Elle est mise en oeuvre par une entreprise certifiée dans cette spécialité (cf NF EN 13670/CN Art 7). Elle suppose le respect strict des phases de construction prévues par le concepteur comme celui des procédures, mentionnées par les spécifications d'exécution. En outre, les systèmes de précontrainte par post-tension doivent faire l'objet d'un Agrément Technique Européen (ATE) ou d'une Evaluation Technique Européenne (ETE), en cours de validité correspondant à l'usage prévu.
Le chapitre du Fascicule 65 du CCTG Travaux traitant de la mise en oeuvre de la précontrainte par post-tension s'applique sur la partie d'ouvrage concernée sauf précisions contraire figurant dans les DPM.
Les coffrages et systèmes d'étaiement ne doivent pas entraver les déformations dues à la mise en tension.
Ce paragraphe ne s'applique pas pour les éléments d'ouvrage précontraints par pré-tension (préfabrication industrielle).