Annexe A (informative)  Comportement des enduits minéraux

A.1  Aspect

Dans leur grande majorité, les enduits à base de liants hydrauliques et/ou aériens d'imperméabilisation assurent également la fonction décorative. La plupart des problèmes rencontrés sur ces enduits sont liés à l'aspect et n'ont, par ailleurs, aucune incidence sur les caractéristiques physiques liées à la durabilité de l'enduit.

A.1.1  Nuançage

Ce terme désigne des variations de couleur ou d'aspect sur une même façade.

Ce phénomène, surtout sensible sur les enduits laissés bruts de projection ou talochés, est essentiellement dû à deux causes :

A.1.1.1  la préparation du mélange

De légères variations dans la quantité d'eau de gâchage et dans le mode de préparation du mélange (dosages irréguliers sur chantier, nombre de sacs introduits dans le malaxeur, temps de malaxage) provoquent des variations de couleur et de texture.

La nécessité de toujours gâcher le mortier dans les mêmes conditions en découle directement.

L'utilisation d'adjuvant, dosé sur le chantier, peut modifier légèrement la teinte finale de l'enduit.

A.1.1.2  l'application

En projection à l'aide d'une pompe à mortier, la pression d'air utilisée ainsi que l'angle de projection et la distance de la buse de projection au mur déterminent la texture du grain obtenu en finition.

NOTE

Un excès de pression d'air à la buse de projection peut entraîner des poches d'air dans le mortier frais qui se traduira par du bullage (cratères) dans l'enduit durci.

Les reprises de projection correspondantes aux différents niveaux de l'échafaudage peuvent ainsi provoquer des nuançages. Un fractionnement des surfaces à enduire permet de les éviter.

En finition grattée, des nuances peuvent être liées à des différences d'épaisseur d'application, soit avant grattage suite à un mauvais dressage de l'enduit, soit du fait d'irrégularités du support.

En finition talochée, les nuances d'aspect et/ou de couleur sont directement liées au talochage plus ou moins uniforme, à l'épaisseur de la couche qui peut être irrégulière, à une humification insuffisante de la sous couche, ou du fait même de l'absorption variable du support.

Pour les enduits monocouches, il est toujours recommandé d'appliquer l'enduit décoratif en 2 passes, en particulier sur les maçonneries de porosité irrégulière ou hétérogènes.

En cas d'arrêt de l'application, des différences de teinte peuvent également résulter de conditions différentes de prise de l'enduit (température, humidité).

À noter toutefois que ce phénomène est d'autant plus prononcé que la teinte de l'enduit est plus soutenue et qu'il a tendance à s'atténuer avec le vieillissement de l'enduit.

A.1.2  Spectres

On désigne généralement sous le terme de « spectre » ou de « fantôme » la réapparition des joints de la maçonnerie au travers de l'enduit. Ce phénomène peut être permanent ou uniquement visible lorsque l'enduit est mouillé et provient du fait que, après application, l'enduit ne tire pas uniformément en partie courante et au niveau du joint.

Cela est dû soit à une différence d'épaisseur (joints en creux, mal bourrés ou en surépaisseur), soit à une absorption différentielle du support avant prise de l'enduit, la porosité des éléments de maçonnerie et du mortier de joint étant différente (en particulier pour des joints réalisés avec des mortiers mal dosés ou trop poreux).

Il peut en résulter un phénomène de fluage de l'enduit après réglage de la première passe et cette variation d'épaisseur reste visible après application du grain, qui recouvre uniformément l'ensemble de la surface.

Il peut aussi en résulter une vitesse de prise différente qui provoque une différence de teinte et, éventuellement, une différence des caractéristiques de l'enduit.

Ces phénomènes sont d'autant plus prononcés que les joints de maçonnerie sont plus épais et que l'épaisseur de l'enduit est plus faible.

Les risques d'apparition de spectres des éléments de maçonnerie sont réduits par la réalisation de l'enduit multicouche en respectant les délais de durcissement de chaque couche ou par l'application systématique de l'enduit monocouche en 2 passes. Dans tous les cas les épaisseurs minimales d'application sur maçonnerie courante ou soignée doivent être respectées.

NOTE

Les spectres peuvent être également causés ou accentués par la présence de fissures au niveau des joints de maçonnerie du fait de l'absorption capillaire de ces fissures.

A.1.3  Efflorescences au séchage

Lorsqu'un enduit est appliqué par temps froid et humide il apparaît souvent en surface des efflorescences blanchâtres au cours du durcissement et séchage.

Lors de la prise, les liants hydrauliques et/ou aériens libèrent de la chaux libre dont une partie est soluble dans l'eau.

Les efflorescences sont généralement dues à la carbonatation de cette chaux qui, au lieu de s'effectuer à l'intérieur de l'enduit, se produit à sa surface, le temps de séchage étant plus long du fait des conditions atmosphériques et permettant à la chaux en solution dans l'eau de gâchage en excès de migrer jusqu'à la surface de l'enduit.

L'apparition de ce phénomène est surtout fonction des conditions atmosphériques dans la période qui suit l'application de l'enduit.

Il présente uniquement un inconvénient sur le plan de l'aspect et est d'autant plus visible que la teinte de l'enduit est plus soutenue.

C'est pour cela que l'application des enduits de teinte soutenue est déconseillée par temps froid (température inférieure à 8 °C environ) et humide.

Si ce phénomène est par trop gênant, il peut être atténué par un lavage à l'eau acidulée (10 % d'acide chlorhydrique) ou à l'aide de produits destinés à cet usage, suivi d'un ou plusieurs rinçages à l'eau propre.

En cas de formation d'efflorescence sur la surface de la sous-couche (corps d'enduit) celles ci doivent être éliminées par brossage ou lavage acidulé et rinçage avant application de la couche de finition décorative

NOTE

On rencontre également, essentiellement sur les supports anciens, des efflorescences dues à des remontées capillaires de sels solubles dans le mur support.

A.1.4  Carbonatation différentielle à long terme

Des différences de teinte peuvent également se produire à long terme sur un enduit soumis à des conditions d'exposition différentes (parties protégées de la pluie par un balcon, une avancée ou, au contraire, soumises à des ruissellements abondants, absence de gouttière, etc.).

Du fait des cycles humidification et séchage auxquels sont soumises les parties les plus exposées, le même phénomène de migration de chaux libre et de carbonatation en surface se produit, provoquant un éclaircissement de la teinte de l'enduit.

Ce phénomène est d'autant plus sensible que l'enduit est plus capillaire.

A.1.5  Salissures

Les salissures peuvent être dues soit à la pollution atmosphérique ou au rejaillissement de terre en partie basse de l'enduit, soit au développement de micro-organismes (algues, champignons, puis à plus long terme, lichens, voire mousses) sur les façades ou parties de façades très humides ou séchant mal (proximité d'arbres, pieds de mur soumis au rejaillissement des eaux de pluie par exemple). Il est possible de supprimer ces derniers par un lavage à l'eau de javel diluée ou à l'aide de produits biocides/fongicides prévus pour cet usage. Respecter les précautions d'emplois de ces produits pour l'utilisateur et l'environnement.

A.1.6  Entretien des enduits

L'aspect peut parfois être altéré par la présence de toiles d'araignées qu'il est également possible d'éliminer par lavage ou brossage.

Lors du lavage d'une façade à l'eau sous pression, il faut veiller à ne pas utiliser une pression trop forte (≤ 60 bars) qui pourrait altérer la surface de l'enduit, en particulier sur un enduit ayant une résistance réduite.

Il est conseillé de laver les enduits minéraux tous les 3 à 5 ans pour conserver leur aspect d'origine.

Le lavage sous pression est prohibé sur les enduits de plâtre et chaux.

Après lavage et séchage, l'application d'un hydrofuge de surface invisible réduit l'encrassement.

Par ailleurs la perception de la couleur d'un enduit peut être sensiblement modifiée dans le temps du fait des conditions naturelles d'exposition (soleil, pluie, neige).

A.2  Durabilité

A.2.1  Fissuration

Outre les caractéristiques propres de l'enduit qui déterminent sa sensibilité à la fissuration, les principales causes de la fissuration sont liées soit au support, soit à l'application.

Dans de nombreux cas, les fissurations d'enduits trouvent leur origine dans le comportement des maçonneries-supports (joints mal remplis ou trop épais, fissuration oblique dans les angles de baies, fissuration horizontale à mi-hauteur en maison individuelle, fissuration au niveau du plancher). L'armature de l'enduit, en particulier au niveau des planchers, permet de limiter l'importance de la fissuration, mais ne peut, dans tous les cas, éviter son apparition en cas de mouvement structurel.

La fissuration peut également être due aux conditions d'application :

  • excès d'eau de gâchage augmentant le retrait ;

  • temps de malaxage insuffisant augmentant la dureté de l'enduit ;

  • humidification insuffisante du support ;

  • conditions atmosphériques : temps chaud, vent sec. La réhumidification de l'enduit est alors nécessaire ;

  • épaisseur d'application trop importante par endroits ;

  • variations d'épaisseur importantes localement liées à des irrégularités du support.

Les enduits réalisés sur lattis métalliques sont sensibles à la fissuration du fait de la rigidité réduite du complexe.

La finition talochée, qui fait remonter les fines à la surface de l'enduit, génère une plus grande sensibilité au faïençage, surtout avec des teintes soutenues qui augmentent les chocs thermiques.

A.2.2  Pénétration d'eau

En l'absence de fissures, les pénétrations d'eau par porosité de l'enduit sont rares et essentiellement dues à des épaisseurs de l'enduit en recouvrement du support insuffisantes.

Un bon serrage après dressage de l'enduit améliore son comportement.

A.2.3  Décollement

Le décollement de l'enduit du support est généralement consécutif à une préparation mal adaptée :

  • présence d'huiles de démoulage ou de poussières ;

  • humidification insuffisante du support ou support gorgé d'eau ;

  • absence de gobetis d'accrochage ou de préparation du support.

Le décollement peut aussi se produire entre les couches ou passes.

Il peut également résulter du grillage de l'enduit (voir ci-dessous).

NOTE

Pour l'application de l'enduit en plusieurs couches ou passes, il est conseillé de finir la surface de la sous-couche par griffage ou peignage (règle crantée) pour éviter d'avoir une surface lisse nuisible à l'adhérence de la couche ou passe ultérieure.

A.2.4  Grillage

Ce terme traduit une dessiccation prématurée de l'enduit, soit par absorption d'eau du support (humidification insuffisante, absence de gobetis), soit du fait des conditions atmosphériques (temps chaud, vent sec) qui se caractérise généralement par un poudrage superficiel de l'enduit. Une réhumidification de l'enduit dans les 3 jours qui suivent l'application permet d'éviter cette dessiccation.

Ce phénomène est d'autant plus sensible que l'épaisseur d'application de la couche d'enduit est faible.

A.2.5  Cisaillement du support

Ce phénomène se rencontre sur les supports à faible résistance mécanique, (ex. béton cellulaire) et résulte généralement de l'application d'un enduit trop dur inadapté à ce type de support ou ayant été malaxé insuffisamment.

Le processus débute habituellement par une micro-fissuration plus ou moins généralisée de l'enduit.

Le cisaillement du support est ensuite favorisé par l'abaissement de ses caractéristiques mécaniques du fait des pénétrations d'eau par les fissures et des variations dimensionnelles hydrothermiques.