Chapitre 8 La couverture en cuivre en région de montagne

8.1 Prescriptions générales et domaine d'application

Les prescriptions des autres chapitres du présent DTU sont applicables dans tous les cas où elles ne sont pas modifiées par les règles indiquées ci-après et qui concernent les bâtiments implantés à une altitude supérieure à 900 m.

La spécificité des constructions en montagne rend les travaux de couverture et annexes (isolation thermique, porte-neige, évacuation des eaux pluviales...) particulièrement délicats. Dans les régions soumises à un climat de montagne, les ouvrages doivent être conçus et réalisés en tenant compte :

  • des écarts journaliers de température de surface ;

  • des charges localisées ou réparties de neige ou de glace ;

  • de l'érosion et des arrachements provoqués par des déplacements de la neige et de la glace ;

  • des phénomènes de siphonnage ;

  • des périodes réduites de l'année pendant lesquelles il est possible de construire et d'effectuer l'entretien.

Certaines toitures de bâtiments implantés à une altitude inférieure ou égale à 900 m peuvent être considérées comme toiture sous climat de montagne, en fonction des conditions microclimatiques particulières. Les documents particuliers du marché en font la mention.

Les accidents de couverture (changement de pentes, noues, etc.) constituant des points faibles, il y a lieu d'en limiter le nombre.

8.2 Les systèmes de couverture

Les deux systèmes de couverture admis en région de montagne sont :

  • la couverture à joint debout en longues feuilles ;

  • la couverture à tasseau à couvre-joint agrafé.

8.3 Principe et condition d'établissement de la couverture

8.3.1 Principe

Seules sont traitées dans le présent DTU les couvertures en cuivre établies suivant le principe de la double toiture froide ventilée.

La double toiture froide ventilée est caractérisée par le fait que la lame d'air comprise entre la sous-face du support de couverture et l'étanchéité complémentaire communique avec l'extérieur par des entrées d'air en parties basses et des sorties d'air en parties hautes.

Lorsqu'une isolation thermique est prévue, elle est placée sous l'étanchéité complémentaire. Une lame d'air communiquant avec l'extérieur est également aménagée entre ces deux éléments (fig. 91).

Figure 91 Principe de mise en oeuvre de la double toiture ventilée

8.3.2 Etanchéité complémentaire

L'étanchéité complémentaire repose sur un support continu et rigide qui est constitué par l'un des éléments suivants :

  • planches, voliges, parquet, épaisseur minimale 15 mm,

  • panneaux de particules CTB-H, épaisseur minimale 18 mm,

  • panneaux de contreplaqué NF CTB-X, épaisseur minimale 12 mm.

Le complément d'étanchéité est réalisé d'une manière générale par une chape de bitume armé, type 40 TV, ou autres matériaux présentant des performances équivalentes.

Dans le cas des pentes inférieures à 20 %, on aura recours à une étanchéité complémentaire renforcée (de type bi-couche).

L'étanchéité complémentaire recouvre le support continu et les lambourdes. Elle est prolongée jusqu'à l'égout, relevée au droit des pénétrations. En faîtage, l'étanchéité complémentaire peut soit être interrompue auquel cas elle est relevée, soit continue et, dans ce cas, la ventilation de la sous-face du support de l'étanchéité complémentaire est prévue par des dispositifs particuliers.

8.4 Dispositions communes aux couvertures en cuivre

8.4.1 Pentes

On se référera aux pentes minimales définies au paragraphe 4.1.3 tableau IV, zone 3 pour la couverture à tasseaux et au paragraphe 5.3 pour la couverture à joint debout.

8.4.2 Support

Il est rappelé que l'épaisseur du support de couverture doit tenir compte des charges et surcharges climatiques et des portées.

L'épaisseur minimale des supports en bois massif est de 22 mm.

8.4.3 Dimensions des feuilles et longues feuilles

La largeur maximale des feuilles et longues feuilles est de 0,500 m. Les longueurs maximales des longues feuilles sont de 8 m pour l'épaisseur 5/10 mm et 13 m pour l'épaisseur 6/10 mm.

8.4.4 Arrêts de neige

Les règlements ou les habitudes locales peuvent amener à prévoir de tels dispositifs.

Lorsqu'ils sont prévus, leur fixation doit se faire sur la charpente et non sur le platelage support de couverture. Ils doivent être posés de façon à ne pas entraver la dilatation des longues feuilles.

Le raccordement à la couverture doit permettre d'assurer un calfeutrement durable.

8.4.5 Ventilation

Le principe de la double toiture nécessite que chacun des espaces situés de part et d'autre de l'étanchéité complémentaire soit convenablement ventilé.

Les dispositions à considérer en matière de ventilation sont données à la figure 92 et au tableau XII, où S est la surface de la paroi isolée en contact avec le volume sous couverture et S1, S2, S3 les différentes sections des orifices de ventilation.

Figure 92 Disposition des flux de ventilation/comble perdu

Figure 92 Disposition des flux de ventilation/comble perdu

Figure 92 Disposition des flux de ventilation/comble occupé

Figure 92 Disposition des flux de ventilation/comble occupé

Tableau XII Dimensions des lames d'air et des sections totales des orifices de ventilation pour double toiture froide ventilée

8.5 Dispositions spécifiques à la couverture à joint debout

8.5.1 Pattes de fixation et point fixe

Pour la détermination de l'écartement et de la répartition des pattes de fixation, on se référera à la méthodologie définie au paragraphe 5.2.2.

Le nombre de pattes constituant le point fixe des longues feuilles est déterminé de façon à ce que leur fixation puisse résister au cisaillement résultant des forces engendrées par le glissement de la neige, dont la valeur est : F = P × sin α

formule dans laquelle :

P = poids de la neige sur l'ensemble d'une travée

α = pente de la couverture.

Par clou, la charge pratique en simple cisaillement et en daN ne doit pas dépasser la valeur :

formule dans laquelle :

d = diamètre du clou en 1/10 mm

e = épaisseur de la planche en cm.

Dans tous les cas, le nombre de pattes fixes ne devra pas être inférieur à 5, espacées de 33 cm, soit une partie fixe totale de 1,32 m.

Si leur nombre est supérieur à 5, elles devront être également réparties sur 1,32 m.

8.5.2 Exécution des noues

Les noues et les longues feuilles sont raccordées par agrafure à joint debout (fig. 93).

Fig. 93 Longues feuilles agrafées sur noue

Les éléments de noue sont alors mis en place après la couverture, afin de pouvoir coucher les joints et exécuter les relevés parallèles au fond de noue.

Si l'angle de la ligne de noue par rapport aux lignes de joints debout le permet, la noue peut être gironnée, c'est-à-dire que les longues feuilles sont débitées en trapèze (fig. 94).

Figure 94 Noue gironnée

Le joint est couché du côté de la noue.

8.5.3 Raccord de pénétration

Dans les régions où l'enneigement est important et lorsque la pénétration n'est pas à proximité du faîtage, on utilisera le mode de raccordement par système d'agrafe à joint debout.

Les relevés contre la pénétration seront de 20 cm minimum.