4  Fractionnement des murs par des joints de dilatation et de retrait

4.1  Considérations générales

Des joints de dilatation et de retrait sont nécessaires dans les ouvrages de grandes dimensions réalisés, entièrement ou partiellement, en maçonnerie ainsi que pour les murs de grandes dimensions. La distance entre deux joints successifs, ou entre l'extrémité du bâtiment et le premier joint, est à apprécier en fonction des éléments ci-après :

  • rôle des maçonneries (porteuses ou de remplissage) ;

  • conception générale du bâtiment.

4.2  Distance maximale entre joints

Dans le cas d'un bloc rectangulaire en plan, la distance dite « entre joints de dilatation » est la plus grande longueur des deux côtés de ce rectangle.

Dans les autres cas, il est toujours possible de définir des rectangles circonscrits à ce bloc. Parmi ces rectangles, il est repéré celui dont le plus grand côté a la plus petite longueur. La distance entre joints de dilatation est la longueur du grand côté de ce rectangle (Figure 22).

Figure 22  Distance entre joints de dilatation

4.2.1  Maçonneries porteuses

Dans les constructions à façades en maçonnerie porteuse, les joints de dilatation et de retrait intéressent toute la structure ; leur espacement ne peut être supérieur aux valeurs ci-après :

  • 20 m dans les départements voisins de la Méditerranée (régions sèches à forte opposition de température) ;

  • 25 m dans les régions de l'Est, les Alpes, les Pyrénées et le Massif Central ;

  • 30 m dans la région parisienne ;

  • 35 m dans les régions de l'Ouest (régions humides et tempérées).

NOTE

Pour les bâtiments ayant une ossature complète en béton armé reposant sur des supports normalement flexibles (ce qui est le cas des poteaux courants en béton armé non bloqués par des remplissages), les distances maximales entre joints de la NF EN 1992-1-1 et son Annexe Nationale sont applicables, à savoir :

  • 25 m dans les départements voisins de la Méditerranée (régions sèches à forte opposition de température) ;

  • 30 m à 35 m dans les régions de l'Est, les Alpes et le Massif Central ;

  • 40 m dans la région parisienne et les régions du Nord ;

  • 50 m dans les régions de l'Ouest.

Lorsque le support des planchers en béton armé est constitué par des panneaux de maçonnerie, ces panneaux n'ont en général pas une déformabilité suffisante, et il en résulte dans les maçonneries des sollicitations de traction et de cisaillement (le problème est d'ailleurs sensiblement le même lorsque des panneaux en maçonnerie viennent en remplissage d'une ossature porteuse en béton armé). C'est la raison pour laquelle les distances entre joints de fractionnement doivent être réduites dans le cas où les murs sont en maçonnerie.

Lorsque les ouvrages surmontant le plancher en béton armé de la toiture ont une résistance thermique inférieure à celle qui figure dans le NF DTU 20.12, il est nécessaire de recouper le gros oeuvre de la toiture et les maçonneries porteuses dans la hauteur du dernier étage par des joints supplémentaires, appelés « joints diapason », et prévus de telle sorte que la distance entre ces joints successifs ne dépasse pas 20 m (Figures 23 et 24).

Figure 23  Joint diapason - Principe

Figure 24  Joint diapason - Détail

La résistance thermique minimale requise pour les ouvrages surmontant le plancher de la toiture est décrite dans le NF DTU 20.12.

4.2.2  Maçonneries de remplissage

Dans les constructions à façades en maçonnerie de remplissage, les joints de dilatation et de retrait intéressent toute la structure ; l'espacement maximal entre joints est de :

  • 20 m dans les départements voisins de la Méditerranée (régions sèches à forte opposition de température) ;

  • 25 m dans les régions de l'Est, les Alpes, les Pyrénées et le Massif Central ;

  • 30 m dans la région parisienne et les régions du Nord ;

  • 35 m dans les régions de l'Ouest (régions humides et tempérées).

NOTE 1

Pour les bâtiments ayant une ossature complète en béton armé reposant sur des supports normalement flexibles (ce qui est le cas des poteaux courants en béton armé non bloqués par des remplissages), les distances maximales entre joints de la NF EN 1992-1-1 et son Annexe Nationale sont applicables, à savoir :

  • 25 m dans les départements voisins de la Méditerranée (régions sèches à forte opposition de température) ;

  • 30 m à 35 m dans les régions de l'Est, les Alpes et le Massif Central ;

  • 40 m dans la région parisienne et les régions du Nord ;

  • 50 m dans les régions de l'Ouest.

NOTE 2

Pour la valeur limite indiquée pour une région donnée, la limite supérieure peut, à titre indicatif, être retenue lorsque les maçonneries de remplissage sont homogènes sur toute la longueur du bâtiment et lorsque le point d'ancrage du plancher (cage d'escalier, cage d'ascenseur) se trouve sensiblement au centre du corps du bâtiment compris entre deux joints successifs. Par contre, la limite inférieure est à retenir lorsqu'il existe un point d'ancrage (cage d'escalier, murs en maçonnerie lourde ou en béton) très excentré par rapport au corps de bâtiment considéré (Figure 25), de telle sorte que les effets du retrait et de la dilatation ne s'exercent pratiquement que dans une seule direction. De même, les solutions dans lesquelles il existe, aux deux extrémités du bâtiment, des maçonneries lourdes ou des murs en béton banché (Figure 26) impliquent presque toujours la création d'un joint intermédiaire, même lorsque la longueur du bâtiment est inférieure aux valeurs ci-avant.

Figure 25  Maçonnerie de remplissage et point d'ancrage excentré

Figure 26  Maçonnerie de remplissage et joint de fractionnement

Un fractionnement complémentaire, intéressant seulement la maçonnerie de remplissage, par des joints calfeutrés après coup avec un mastic, distants de 8 m à 15 m selon la conception et les conditions d'exposition de la façade, doit éventuellement être prévu à tous les étages, lorsque la maçonnerie est constituée de matériaux à fortes variations dimensionnelles.

4.2.3  Cas des maçonneries de blocs de coffrage

Sans armatures disposées dans les blocs, des joints de dilatation et de retrait sont nécessaires tous les 15 m, qui peuvent être portées à :

  • 20 m dans les régions sèches ou à forte opposition de température ;

  • 35 m dans les régions humides et tempérées.

Ceci est possible, à condition de respecter les sections d'armatures minimales horizontales et verticales prévues dans le NF DTU 20.1 P1-1.

NOTE

Entre les valeurs limites de 20 m et 35 m, pour un bâtiment de situation géographique déterminée, une valeur intermédiaire justifiée peut être retenue. À titre d'exemple, des longueurs prévues en 4.2.1 peuvent être admises comme distances entre joints.