7 Exécution de l'ouvrage
7.1 Généralités
Les éléments de revêtement reposent par l'intermédiaire du mortier de scellement sur les supports, sur les ravoirages, sur les formes de pente, sur les couches de désolidarisation, sur les sous-couches isolantes ou sur les formes sur sous-couche isolante.
Lorsqu'une pente est nécessaire, le support, seul ou associé à une forme de pente doit présenter cette pente. Le mortier de scellement doit être d'épaisseur constante.
L'encastrement des canalisations dans le mortier de scellement n'est pas admis.
Dans le cas des locaux à sollicitations modérées et à fortes sollicitations, pour la pose des éléments de revêtement sur ravoirage de type D et E, le mortier de scellement doit être désolidarisé.
Pour la pose de pierres naturelles en sol intérieur, à l'exception des escaliers, l'interposition d'un film de polyéthylène est indispensable, quel que soit le support.
7.2 Modes de pose
On distingue deux modes de pose :
7.2.1 Pose à la bande
Alignés par bandes entre règles ou cordeaux, les éléments de revêtement sont posés sur un bain soufflant de mortier. Ils sont fixés au pilon ou à la batte au fur et à mesure de l'avancement avant le début de prise du mortier.
7.2.2 Pose à la règle
Le mortier est étalé, tiré à la règle, compacté et éventuellement taloché. Puis, une barbotine de ciment pur est répandue à la surface du mortier. L'épandage de barbotine peut être remplacé par un poudrage de ciment pur, suivi d'une humidification et éventuellement d'un lissage à la truelle ou d'un passage à la spatule crantée formant des sillons.
Les éléments de revêtement sont posés sur la barbotine fraîche ou le poudrage humidifié. Ces opérations sont faites par travées, de telle façon que le battage des éléments de revêtement ait lieu sur le mortier encore plastique.
7.2.2.1 Poudrage ou barbotinage des éléments de revêtements
Les tableaux 5 et 6 ci-après indiquent le mode de poudrage ou de barbotinage en fonction de la surface des éléments de revêtement, ainsi que les consommations de liant.
Ces consommations de liant correspondent à des consommations sur l'ensemble de l'ouvrage. Compte tenu des variations toujours possibles d'un endroit à un autre, une consommation de 15 % inférieure à ces valeurs peut être acceptée sur des surfaces limitées.
La barbotine dans le cas de carreaux céramiques ou assimilés, est composée de ciment. Pour les pierres naturelles et les terres cuites, elle peut aussi être composée de chaux hydrauliques.
Tableau 5 Mode de poudrage ou de barbotinage des carreaux céramiques ou assimilés et consommation de ciment en kg/m2
Tableau 6 Mode de poudrage ou de barbotinage des dalles en pierres naturelles et consommation de ciment en kg/m2
Pour les dalles de pierres naturelles de coloris clairs, il convient d'utiliser un ciment blanc.
7.3 Pose intérieure
Le mortier de scellement doit avoir une épaisseur maximale de 8 cm. Quelle que soit son épaisseur, il doit être compacté.
7.3.1 Pose intérieure désolidarisée ou adhérente
Tableau 7 Epaisseur nominale du mortier de scellement en fonction des sollicitations du local et du type de pose
7.3.2 Pose flottante dans les locaux intérieurs à faibles sollicitations
Les épaisseurs nominales de mortier de scellement sont précisées dans le tableau 8.
Tableau 8 Pose scellée sur une sous-couche isolante
La sous-couche isolante est posée conformément au NF DTU 52.10. En fonction des caractéristiques de cette sous-couche, la pose scellée du revêtement sera soit directe sur la sous-couche (figure 2) ou bien nécessitera une forme sur sous-couche isolante (figure 3) comme l'indique le tableau 8 ci-dessus.
Des cloisons de distribution légères (inférieure à 150 kg/m linéaire) peuvent être montées après exécution de l'ouvrage de sol scellé lorsqu'il n'y a pas d'exigences acoustiques entre les locaux séparés par cette cloison.
Figure 2 Sous-couche isolante de classe SC1 sur ravoirage éventuel - Cas de la pose scellée directe sur sous-couche isolante
Figure 3 Sous-couche isolante de classe SC2 sur ravoirage éventuel - Cas de la pose scellée sur forme sur sous-couche isolante
7.3.3 Cas particuliers
7.3.3.1 Planchers chauffants
Les éléments de revêtement ne peuvent être posés que si le plancher chauffant a été réalisé conformément aux NF DTU 65.14, NF DTU 65.7 et NF DTU 52.10.
En pose adhérente sur la couche d'enrobage des éléments chauffants, une première mise en température progressive du sol réalisée conformément aux normes de mise en oeuvre des planchers chauffants, doit avoir été conduite avant la pose du revêtement.
En pose désolidarisée sur la couche d'enrobage des éléments chauffants, la première mise en chauffe du plancher avant la mise en oeuvre du revêtement est facultative sauf dans le cas de la pierre naturelle.
Le chauffage doit être interrompu 48 heures avant l'exécution des travaux. La remise en chauffe ne peut intervenir qu'après un délai de 7 jours à l'issue des travaux.
Le titulaire du lot revêtement de sol ne pourra commencer les travaux de mise en oeuvre du revêtement que s'il a reçu le rapport de mise en chauffe.
La pose scellée sur Planchers Rayonnants Electriques (P.R.E.) n'est pas visée dans le présent document.
7.3.3.2 Ouvrages intérieurs étanchés par un SEL
Le revêtement scellé désolidarisé peut constituer une finition sur un Système d'Etanchéité Liquide (SEL). La mise en oeuvre doit être réalisée conformément au texte de référence.
La pente du support du Système d'Etanchéité Liquide peut être donnée par une forme de pente adhérente définie au 6.5.3.
7.3.3.3 Pose scellée en locaux intérieurs sur protection lourde sur étanchéité conforme au NF DTU 43.6
Les mêmes dispositions que la pose scellée adhérente intérieure sont à prendre avec en complément :
Joints de fractionnement conformes aux prescriptions du 8.3.1.1 du présent document ;
Joint périphérique conforme aux prescriptions du 8.4.4 du présent document ;
Pente générale du support et du revêtement ≥ 1 %.
Compte tenu de l'aspect de surface des carreaux, des tolérances de fabrications de ces carreaux et des tolérances de pose, une pente inférieure à 2 % peut conduire à des retenues locales d'eau.
7.4 Pose en sols extérieurs
7.4.1 Cas général
Une couche de désolidarisation drainante réalisée conformément au NF DTU 52.1 P1-2 sous le mortier de scellement est obligatoire.
Sauf indication particulière, le percement des carrelages en sol extérieur est interdit.
Le support constitué d'un dallage seul ou d'un dallage associé à une forme de pente doit présenter une pente minimale de 1,5 % en éloignant les eaux du bâtiment.
L'épaisseur minimale du mortier de scellement est de 5 cm et son dosage est conforme au NF DTU 52.1 P1-2.
Les joints de fractionnement et les joints périphériques doivent être conformes aux prescriptions des 8.3.2 et 8.4.3.
En cas de mur de façade en maçonnerie, il doit exister soit un décrochement dans le plancher, soit une banquette béton filante garantissant une garde de 5 cm minimum par rapport au revêtement (voir Figure 4 et 5).
Le présent document ne traite pas des dispositions permettant de respecter la réglementation relative à l'accessibilité balcons, loggias et terrasses.
Figure 4 Seuil (hors accessibilité)
Figure 5 Arrêt au droit d'une maçonnerie
En bas de pente avec un muret périphérique, deux solutions sont possibles :
Pente unique vers un caniveau filant construit dans la hauteur du système de drainage, du mortier de scellement et du revêtement (voir Figure 6). Ce caniveau peut être laissé ouvert ou recouvert d'une grille.
Renvoi de pente vers les évacuations reprenant à la fois les eaux au niveau du drainage et en surface (minimum 2 par balcon ou loggia). Dans ce cas, la forme de pente est en pointe de diamant.
Figure 6 Balcon avec une pente unique vers l'extérieur et muret
Les dispositions des évacuations des eaux pluviales ne relèvent pas de ce document. Elles relèvent des NF DTU 20.12 et 60.11.
En bas de pente sans muret, un profil rejet des eaux est placé dans la continuité du système de drainage. Un profil de bordure est inséré dans le mortier de scellement (voir Figure 7). En aucun cas un élément de revêtement n'est collé ni sur la tranche du mortier de scellement, ni sur celle du balcon.
Figure 7 Balcon avec une pente unique vers l'extérieur sans muret
En rive, le terrain naturel en contrebas peut être arrêté avec un décrochement par rapport au niveau fini du revêtement (voir Figure 8). Dans ce cas, la tranche visible du mortier de scellement peut rester nue ou être habillée soit par un profil, soit d'un élément de revêtement s'arrêtant au-dessus du drainage.
Si le terrain naturel est positionné au nu fini du revêtement (voir Figure 9), une bande de matériaux drainants de 15 cm de large minimum et 25 cm de haut minimum doit être interposée. Cette bande est séparée du terrain et de l'ouvrage par un non-tissé.
Figure 8 Sols extérieurs sur terre-plein avec décrochement du terrain naturel
Figure 9 Sols extérieurs sur terre-plein avec terrain naturel au nu du revêtement
7.4.2 Pose scellée extérieure sur protection lourde sur étanchéité conforme au NF DTU 43.1
Les mêmes dispositions que la pose scellée adhérente intérieure sont à prendre avec en complément :
7.5 Joints entre éléments de revêtement
Le jointoiement entre éléments de revêtement se fait avec des mortiers tels que défini dans le NF DTU 52.1 P1-2.
Pour les locaux qui subissent des agressions chimiques ou mécaniques (tels que de plages de piscine recevant du public, balnéothérapie, thalassothérapie…), le jointoiement est réalisé avec du mortier à base de résine réactive tel que défini dans le NF DTU 52.1 P1-2.
Le nettoyage de fin de mise en oeuvre est décrit dans l'annexe B.
7.5.1 Cas général
La pose à joint nul n'est pas admise.
La largeur des joints (entre face verticale des éléments de revêtement) est fonction, pour un élément de revêtement, de sa nature, de ses dimensions et de la tolérance de fabrication.
En aucun cas, la largeur du joint ne peut être inférieure aux largeurs minimales précisées ci-après (voir tableaux 9 et 10) augmentées de la tolérance de l'élément de revêtement.
Tableau 9 Largeur minimale de joint en fonction des éléments de revêtement
Tableau 10 Largeur minimale des joints en fonction des caractéristiques dimensionnelles des carreaux pressés
Un carreau certifié QB UPEC.D+ répond, au moins, aux exigences de caractéristiques dimensionnelles pour la réalisation de joints réduits.
7.5.2 Cas particuliers
7.5.2.1 Carreaux cassés des groupes BI a et BI b (émaillés ou non, dits mosaïque de hasard)
La largeur des joints est irrégulière.
7.5.2.2 Eléments minces de grès cérame fin vitrifié, émaillés ou non, produits verriers : Carreaux de pâte de verre et carreaux de Briare
Les joints entre plaques doivent avoir la même largeur que les joints entre éléments.
Les éléments fournis en panneaux ont une largeur de joint imposée par la grille utilisée pour la conception de ces panneaux.
7.5.2.3 Dalles en pierres naturelles
Pour certains travaux de marbrerie n'excédant pas 25 m2 et sur prescription spéciale, des joints dits marbriers de 1 mm de largeur minimale peuvent être réalisés.
7.5.2.4 Pose en opus incertum
La largeur des joints est variable et supérieure à 2 mm.
7.5.2.5 Pose en opus appareillé ou romain
La pose est faite à joints de 2 à 10 mm.
L'entrepreneur doit respecter l'appareillage et la largeur des joints, prévus par les documents particuliers du marché, compte tenu de la difficulté de taille des éléments. En l'absence d'indication sur la largeur des joints, celle-ci est à l'initiative de l'entrepreneur.
7.5.2.6 Dalles en schistes, en ardoises et autres pierres présentant un plan de clivage
Les joints sont fonction de la forme de la dalle ; dans le cas de forme géométrique régulière, ils sont au minimum de 5 mm.
Les poses en opus incertum et en opus appareillé sont faites à joints libres.
7.6 Prescriptions complémentaires de pose propres aux diverses natures d'éléments de revêtements
7.6.1 Produits de type terres cuites (groupes AIIb et AIII)
Avant la pose, les carreaux doivent être trempés dans l'eau puis être mis à " ressuyer " en évitant un séchage trop rapide.
7.6.2 Eléments minces de grès cérame fin vitrifié, émaillés ou non, produits verriers : carreaux de pâte de verre et carreaux de Briare
Les éléments minces sont posés à la règle.
Les éléments collés sur trame papier, côté face de pose, sont exclus. Ceux collés sur trame nylon côté face de pose sont admis en local classé E1 à usage privatif.
7.6.3 Carreaux à liant ciment et dalles en béton
La sous-face des carreaux et dalles doit être humidifiée avant la pose.
Les carreaux en mosaïque de marbre à liant ciment polis ou adoucis, et d'une dimension supérieure à 500 cm2, doivent être poncés après pose dans le cas où ils sont posés avec un joint entre carreaux inférieur à 5 mm de large.
7.6.4 Dalles en pierre naturelle
En intérieur, sous réserve que le support soit visé par le tableau 2 du présent document, les dalles en pierre naturelle sont mises en oeuvre systématiquement en pose désolidarisée sur feuille de polyéthylène de150 μm minimum par exemple afin d'établir une barrière anti-capillarité au-dessus du support.
Les lès de la feuille polyéthylène sont posés avec un recouvrement de 20 cm minimum.
La face de pose et les bords des pierres naturelles doivent être exempts de poussière et de barbotine de façonnage pour pouvoir être mis en oeuvre.
7.6.4.1 Dalles en pierres calcaires et en marbre
Les dosages des mortiers de scellement sont définis dans la NF DTU 52.1 P1-2.
La pose peut être exécutée à la bande ou à la règle.
Pour les éléments de forme géométrique régulière de surface supérieure à 500 cm2, il est admis que les supports à surface continue ou ravoirage de types D et E soient recouverts d'un lit de sable sec de granulométrie 0/4 mm de 2 cm d'épaisseur maximale, soigneusement nivelé.
7.6.4.2 Dalles en schistes, en ardoises et autres pierres présentant un plan de clivage
Les dosages des mortiers de scellement sont définis dans la NF DTU 52.1 P1-2.
La face de pose est enduite d'une barbotine consistante (voir NF DTU 52.1 P1-2).