Chapitre 6 Couvertures en bardeaux bitumés en région de montagne
6.1 Prescriptions générales et domaine d'application
Les prescriptions des autres chapitres du présent DTU sont applicables dans tous les cas où elles ne sont pas modifiées par les règles indiquées ci-après et qui concernent les bâtiments implantés à une altitude supérieure à 900 m.
L'emploi des bardeaux à surfaçage métallique (type 8 suivant la norme NF EN 544) n'est pas concernée par le présent chapitre.
6.2 Principe de réalisation des toitures
Suivant la localisation de la construction et/ou les conditions microclimatiques locales, deux solutions sont envisagées :
6.2.1 Double toiture ventilée
Ce principe de réalisation est adapté aux sites qui subissent de fréquents épisodes neigeux avec persistance de l'enneigement, formant barrière de glace. Il s'agit principalement de se prémunir contre les conséquences des effets de la neige :
par son accumulation et ses mouvements liés à la pente de la couverture, au vent et aux phénomènes thermiques ;
par le glissement du manteau neigeux.
La double toiture ventilée doit être appliquée au massif alpin.
Il peut y être fait recours pour réaliser les toitures dans les autres massifs montagneux.
6.2.2 Simple toiture ventilée
Ce principe de réalisation est applicable aux sites bénéficiant d'un climat caractérisé par la non-persistance de la neige sur les toitures du fait :
des séquences espacées d'épisodes neigeux ;
d'une forte insolation.
Le principe de l'interposition d'un complément d'étanchéité entre les bardeaux bitumés et leur support continu ventilé en sous-face s'avère suffisant dans les cas où il n'y a pas de risque d'érosion et d'arrachements provoqués par des déplacements de la neige et de la glace.
Ce cas peut s'appliquer aux massifs montagneux autres que le massif alpin et pour lesquels on dispose d'une expérience significative locale de la bonne adaptation de ce principe de pose.
6.3 Matériaux
6.3.1 Matériaux pour double toiture ventilée
( cf. art. 6.2.1).
6.3.1.1 Supports continus d'étanchéité complémentaire
La description et les dimensions des supports continus en bois massif et en panneaux dérivés du bois sont précisées à l' article 2.2 du présent Cahier des Clauses Techniques.
6.3.1.2 Matériaux constitutifs de l'étanchéité complémentaire simple ou renforcée
Le système d'étanchéité complémentaire à utiliser et le renforcement éventuel de celui-ci est fonction de la pente de la couverture exprimée en %.
6.3.1.2.1 Chape d'étanchéité complémentaire monocouche
solution A
Chape souple en bitume oxydé à armature en tissu de verre 50 TV conforme aux spécifications de la norme NF P 84-303 (grésé ou film thermofusible 2 faces) ou de la norme NF P 84-316 (autoprotection métallique 1 face).
Epaisseur minimale : 3,5 mm.
solution B
Feuille en bitume modifié SBS armé avec autoprotection métallique. L'épaisseur minimale de la chape est de 3,5 mm.
Des Avis Techniques sont délivrés pour ces feuilles.
La solution B présente de meilleures performances à froid que la solution A
6.3.1.2.2 Chapes d'étanchéité complémentaire renforcée
solution A
La première couche est constituée d'une chape en bitume oxydé à armature en tissu de verre 50 TV ( NF P 84-303).
-
La seconde couche est constituée d'une chape de bitume oxydé à armature en tissu de verre 50 TV conforme aux spécifications de la norme NF P 84-316 (autoprotection métallique).
Epaisseur minimale : 3,5 mm.
solution B
-
La première couche est constituée d'une chape en bitume oxydé armé 50 TV ( NF P 84-303) ou d'une feuille en bitume modifié armé et soudable.
Epaisseur minimale : 3,5 mm.
La seconde couche est constituée d'une feuille en bitume modifié SBS armé avec ou sans autoprotection métallique. L'épaisseur minimale de la chape est de 3,5 mm.
Des Avis Techniques sont délivrés pour ces feuilles.
La solution B présente de meilleures performances à froid que la solution A
6.3.1.3 Supports continus de la couverture
6.3.1.3.1 En bois massif
Toutes les dispositions de l' article 2.2.1 s'appliquent, sauf que leur largeur maximale est de 120 mm.
6.3.1.3.2 En panneaux contreplaqué
Toutes les dispositions de l' article 2.2.2 en contreplaqué s'appliquent, sauf que l'épaisseur minimale est de 18 mm.
6.3.1.3.3 En panneaux de particules
Ils ne sont pas visés pour une application en montagne.
6.3.1.4 Produits et dispositifs de fixation
Les fixations des supports continus et des bardeaux bitumés sont celles décrites aux articles 2.3.1 et 2.3.2.
Les fixations pour sous-couche d'étanchéité sont les mêmes que celles utilisées pour la fixation des bardeaux ( cf. art. 2.3.2.1).
Les fixations des bois de réhausse et du support de couverture sont les pointes ou les vis à bois décrites aux articles 2.3.1.1 et 2.3.1.3.
6.3.2 Matériaux pour simple toiture ventilée
6.3.2.1 Supports continus de la couverture
Les spécifications de l' article 6.3.1.3 s'appliquent dans tous les cas.
6.3.2.2 Matériaux constitutifs du complément d'étanchéité
solution A
Chape souple en bitume oxydé grésé, à armature en tissu de verre 50 TV conforme aux spécifications de la norme NF P 84-303.
Epaisseur minimale : 3,5 mm.
solution B
Feuille souple en bitume modifié SBS armé.
Epaisseur minimale : 3,5 mm.
Des Avis Techniques sont délivrés pour ces feuilles.
La solution B représente de meilleures performances à froid que la solution A.
6.3.2.3 Produits et dispositifs de fixation
Les fixations des supports continus de la couverture sont celles décrites à l' article 2.3.1.
Les fixations du complément d'étanchéité sont les mêmes que celles utilisées pour la fixation des bardeaux ( cf. art. 2.3.2.1).
Les fixations des bardeaux bitumés sont décrites à l' article 2.3.2, sauf que les pointes ont une longueur minimale de tige de 25 mm pour tenir compte de l'épaisseur du complément d'étanchéité.
6.4 Mise en oeuvre
6.4.1 Double toiture ventilée
6.4.1.1 Etablissement du support de l'étanchéité complémentaire
Le support de l'étanchéité complémentaire est établi suivant les mêmes règles que décrites au chapitre 3.
L'entraxe maximal des appuis du support est limité :
-
pour les bois massif à :
≤ 0,90 m pour voliges, frises et planches,
≤ 1,00 m pour plancher rainé-bouveté ;
-
pour les panneaux dérivés du bois aux valeurs du tableau ci-dessous :
Toutefois, l'entraxe de ces appuis doit tenir compte de celui du support de la couverture visé à l' article 6.4.1.3.
Dans le cas où la toiture présente, de façon concomitante, une isolation sous rampant et des pénétrations (souches, fenêtres de toit, lucarnes), les dispositions ci-dessus conduisent à la création de zones insuffisamment ventilées en sous-face du support d'étanchéité complémentaire. Des bois de rehausse transversaux sont alors interposés afin de rendre possible une ventilation transversale ( fig. 29).
Figure 29
6.4.1.2 Mise en oeuvre de l'étanchéité complémentaire et des bois de rehausse
-
Dans tous les cas, l'étanchéité complémentaire recouvre le support continu et les lambourdes (chanlattes trapézoïdales) ( fig. 30).
Figure 30
Elle est prolongée jusqu'à l'égout, relevée au droit des pénétrations. En faîtage, l'étanchéité complémentaire peut soit être interrompue auquel cas elle est relevée, soit continue et, dans ce cas, la ventilation de la sous-face du support de l'étanchéité complémentaire est prévue par des dispositifs particuliers.
-
Ce système nécessite la fixation de chanlattes trapézoïdales sur le support avant la pose de l'étanchéité complémentaire.
Les dimensions indicatives des chanlattes sont :
hauteur minimale : 27 mm,
largeur à la base : 80 mm,
largeur au sommet : 50 mm.
Les chanlattes sont obligatoirement fixées, au travers du support, dans les chevrons à l'aide de pointes.
L'étanchéité complémentaire, simple ou renforcée, est disposée sur le support avec franchissement des chanlattes trapézoïdales en épousant leur contour.
Après la mise en oeuvre de l'étanchéité complémentaire, une contrelatte de hauteur minimale 27 mm est fixée au droit de chaque chanlatte trapézoïdale. Elle est destinée à la fixation des bois supports de couverture et respecte les largeurs nominales d'appui précisées à l' article 3.1.3.
6.4.1.2.1 Mise en oeuvre de l'étanchéité complémentaire simple
Cette disposition n'est applicable qu'aux pentes supérieures à 40 %.
La chape souple décrite à l' article 6.3.1.2.1 est déroulée sur le support parallèlement ou perpendiculairement à l'égout avec franchissement des chanlattes.
Le recouvrement des lés et des raccords est de 10 cm.
Les recouvrements et les raccords sont soudés.
La fixation de la chape au support est assurée :
par clouage tous les 0,10 m, en bordure de lé avant soudage du recouvrement du lé suivant ;
par l'intermédiaire des contrelattes clouées ou vissées sur les chanlattes.
Font l'objet d'une étanchéité renforcée, conformément aux dispositions de l' article 6.4.1.2.2, les points singuliers suivants : noue, raccordements de fenêtre de toit et souche.
6.4.1.2.2 Mise en oeuvre de l'étanchéité complémentaire renforcée
Cette disposition s'applique aux pentes de 20 à 40 %.
-
La première couche d'étanchéité est constituée selon les indications de l' article 6.3.1.2.2 ci-dessus. Toutefois :
le sens de pose des lés (parallèlement ou perpendiculairement à l'égout) est indifférent ;
la chape souple est fixée au support à l'aide de pointes disposées en quinconce tous les 0,33 m environ.
Les recouvrements et les raccords sont soudés.
La seconde couche d'étanchéité décrite au paragraphe 6.3.1.2.2 est soudée en plein à joints décalés sur la première couche.
6.4.1.3 Etablissement du support de couverture
Toutes les conditions d'appui et de fixation de l' article 3.2 s'appliquent.
Les charges de neige admissibles sont fonction de l'épaisseur des supports continus et de l'entraxe de leurs appuis.
6.4.1.3.1 Voliges et planches à pose dite « jointive »
L'entraxe maximal (m) des appuis est défini en fonction des dispositions ci-après :
6.4.1.3.2 Panneaux de contreplaqué
L'épaisseur et l'entraxe de leurs appuis sont à déterminer par le calcul.
6.4.2 Simple toiture ventilée
6.4.2.1 Etablissement du support de couverture
Les dispositions spécifiques sont décrites à l' article 6.4.1.3.
6.4.2.2 Mise en oeuvre du complément d'étanchéité
La chape simple décrite à l' article 6.3.2.2 est déroulée sur le support parallèlement à l'égout puis fixée au support par des pointes disposées en quinconce tous les 0,33 m environ.
Les recouvrements et les raccords des lés sont soudés sur une largeur de 0,10 m.
6.4.3 Mise en oeuvre des bardeaux
La relation pente/recouvrement et les fixations des bardeaux font l'objet de dispositions spécifiques pour des rampants dont la projection horizontale n'excède pas 16,50 m.
6.4.3.1 Pentes et recouvrements
Le tableau III est commun aux deux solutions envisagées au paragraphe 6.2.
Tableau III
6.4.3.2 Fixation des bardeaux bitumés
6.4.3.2.1 Clouage
Le clouage est décrit à l' article 4.2.1. Toutefois, sur une zone d'au moins 1,50 m à partir de l'égout, le nombre de fixations est renforcé ( cf. art. 4.2.1.2).
Dans le cas de la fixation à travers le complément d'étanchéité en chape souple, la longueur des tiges de pointes est d'au moins 25 mm. C'est le cas de la simple toiture ventilée.
6.4.3.2.2 Collage
Le collage est décrit à l' article 4.2.2.
De plus, il est procédé à un collage complémentaire général des bas de jupe, conformément aux dispositions de l' article 4.2.2.1.1 c.
6.4.4 Ouvrages particuliers
6.4.4.1 Principe de réalisation des points singuliers de couverture
Les dispositions de réalisation décrites à l' article 4.3 s'appliquent et de plus, les principes suivants sont à respecter :
la continuité de l'étanchéité de la sous-toiture ou de la sous-couche avec ses raccords en rives de façon à rejeter vers l'extérieur des infiltrations éventuelles ;
le maintien d'une ventilation efficace sous chaque support tout en protégeant les orifices de tous risques d'obstruction ou de pénétrations de parasites.
6.4.4.2 Arrêts de neige
Les règlements ou les habitudes locales peuvent amener à prévoir de tels dispositifs.
Ces dispositifs peuvent être constitués :
soit par des garde-neige associés aux éléments de couverture et fixés sur leur support. Ils sont répartis de façon uniforme sur toute la surface de la couverture, à raison de 4 garde-neige environ par mètre carré ;
soit par des dispositifs garde-neige indépendants. La fixation de ces dispositifs doit se faire sur la charpente et non sur le support de couverture. De tels dispositifs nécessitent une attention particulière au niveau du traitement de l'étanchéité des systèmes de liaisonnement traversants.
6.4.5 Ventilation en sous-face des supports
Les dispositions ci-après complètent ou se substituent aux dispositions du chapitre 5 :
l'épaisseur minimale de 6 cm de la lame d'air ventilée en sous-face de chacun des supports d'étanchéité complémentaire et de couverture ;
la mise en oeuvre d'un pare-vapeur indépendant, de perméance ≤ 0,02 g/m².h.mmHg et suffisamment résistant à la manipulation, intercalé entre le plafond et l'isolant. Toutes précautions doivent être prises pour en assurer la continuité de son étanchéité à l'air ;
la mise en place d'orifices ou d'émergences de ventilation adaptées aux formes de toiture et aux conditions d'enneigement.
Le tableau IV précise les différentes sections où :
S est le rapport entre la section totale des orifices de ventilation et la surface de la paroi transfert P ;
S1, S2, S3 les différentes sections des orifices de ventilations.
Tableau IV Dimensions des lames d'air et des sections totales des orifices de ventilation
Figure 31 Double toiture ventilée/comble perdu
Figure 32 Simple toiture ventilée
La spécificité des constructions en montagne rend les travaux de couverture et annexes particulièrement délicats. Dans les régions soumises à un climat de montagne, les ouvrages doivent être conçus et réalisés en tenant compte :
des écarts journaliers de température de surface ;
des charges localisées ou réparties de neige ou de glace ;
de l'érosion ou des arrachements provoqués par des déplacements de la neige et de la glace ;
des phénomènes de siphonnage ;
des périodes réduites de l'année pendant lesquelles il est possible de construire et d'effectuer l'entretien.
Certaines toitures de bâtiments implantés à une altitude inférieure ou égale à 900 m peuvent être considérées comme toiture sous climat de montagne, en fonction des conditions microclimatiques particulières. Les Documents Particuliers du Marché en font la mention.
Les accidents de couverture (changement de pentes, noues, etc.) constituent des points faibles, il y a lieu d'en limiter le nombre.