8 Prescriptions particulières autour des joints du bâtiment support
Lorsque le système d'attaches ne permet pas d'absorber, au droit de chaque plaque, les déformations différentielles entre le revêtement et son support, ce qui est le cas lorsque les plaques voisines sont solidarisées de façon rigide et/ou que les attaches elles-mêmes n'autorisent pas un tel mouvement relatif, le revêtement doit être fractionné par des joints (vides ou remplis de mastic). Ces joints sont donc à prévoir :
pour les revêtements attachés par agrafes et polochons, avec joints garnis de mortier (voir le paragraphe 6.8.1du présent document) ;
pour les revêtements fixés par attaches métalliques sans polochon, avec joints garnis de mortier.
8.1 Positionnement des joints souples
8.1.1 Pour l'ensemble des revêtements
Les joints du support (de dilatation ou fractionnement) doivent être repris dans le revêtement (y compris dans les polochons), sensiblement aux mêmes emplacements et dans la même largeur. La garniture éventuelle de ces joints ne doit pas affecter leur liberté de mouvement.
Les attaches ou agrafes d'une plaque de revêtement ne peuvent être fixées de part et d'autre d'un joint de support.
Les polochons, ne doivent pas être exécutés à cheval sur les joints de support mais de part et d'autre.
Pour éviter la mise en compression du revêtement directement par le support, des joints souples doivent également être prévus autour de toutes les saillies de façade (appuis, balcons, bandeaux, linteaux), en particulier au départ des revêtements sur le plancher ou le sol et sous plafond, dans le cas des revêtements intérieurs.
Enfin, des joints souples doivent être exécutés en cas de changement de support, risquant d'entraîner des mouvements différentiels sensibles.
Si le joint du revêtement est décalé par rapport au joint de support, on utilise une patte déportée.
Figure 16 Exemple de solution de reprise d'un joint de dilatation de gros oeuvre
8.1.2 Cas des revêtements ne permettant pas une libre déformation entre plaques
En plus des joints décrits ci-dessus au 8.1.1, dans le cas de revêtements avec joints garnis de mortier ne permettant pas une libre déformation au droit de chaque plaque, des joints souples horizontaux et verticaux doivent délimiter des panneaux de surface réduite. Les joints de fractionnement sont remplis de mastic dans le cas de la pose avec polochons.
Les joints souples de fractionnement horizontaux sont à prévoir tous les 3 m environ (ou tous les niveaux) en extérieur et tous les 6 m environ en intérieur.
Dans le cas où des agrafes sont fixées dans les chants horizontaux bordant un joint souple de fractionnement, on remplacera les agrafes situées dans le joint souple par des attaches métalliques inoxydables dans la masse sans polochon (voir Figure 7b).
La réalisation de ces joints souples horizontaux est incompatible avec la pose au polochon qui nécessite un enrobage de l'agrafe par le polochon.
Le joint horizontal placé sous la première assise est laissé vide.
Cette disposition est prévue pour assurer la ventilation de la lame d'air.
Les joints souples de fractionnement verticaux sont à prévoir tous les 8 m environ, aux angles des façades des bâtiments et à moins de 3 m des extrémités.
Dans le cas des bandeaux revêtus, un joint souple doit être prévu tous les 4 m pour les bandeaux droits.
Des exemples d'implantation de joints souples de fractionnement dans le cas particulier des systèmes d'attaches ne permettant pas la déformation sont donnés sur les figures suivantes :
8.1.3 Cas particuliers des revêtements étroits
Compte tenu de la sensibilité des revêtements étroits (habillages de poteaux, etc.) aux mises en compression, il conviendra de veiller tout particulièrement au positionnement et à l'exécution des joints souples.
Il est rappelé que dans le cas où des agrafes porteuses (à polochons) sont fixées dans les chants horizontaux, les agrafes porteuses bordant un joint souple doivent être remplacées par des attaches métalliques sans polochon.
8.2 Exécution des joints souples
8.2.1 Spécifications communes
Un joint est dit souple lorsqu'il est laissé vide ou lorsqu'il est rempli avec un mastic conformément au 8.2.2.
La largeur des joints souples est supérieure ou égale à 10 mm pour les joints horizontaux et 8 mm pour les joints verticaux. Ces largeurs peuvent être réduites localement au niveau des attaches respectivement à 7 mm et 5 mm. Si les attaches sont trop épaisses pour permettre de garantir ces largeurs minimales, la pierre est engravée au niveau de l'attache.
Les joints souples intéressent toute l'épaisseur des plaques de pierre (Figures 19 et 20).
Figure 19 Exemple de joint souple horizontal
 : Revêtements muraux attachés en pierre mince/NF DTU 55.2 P1-1 (décembre 2014)/image/fig_AFXS_1_20.png)
Figure 20 Détail d'un joint
8.2.2 Cas des joints souples calfeutrés
Lorsqu'un joint souple est calfeutré, le dispositif comporte :
un fond de joint, pour limiter la quantité de mastic à mettre en place ;
un produit de calfeutrement, ne tachant pas la pierre, qui suit les mouvements du joint sans les contrarier et sans se dégrader dans le temps.
Les normes ISO 16938-1 et ISO 16938-2 permettent la réalisation d'essai, respectivement, avec et sans compression pour la détermination du tâchage des supports poreux par les mastics. Il est rappelé que le choix des produits pour la réalisation de ce dispositif est indiqué dans le NF DTU 55.2 P1-2(CGM).
Profondeur du mastic (Figure 20) :
avec les mastics élastomères, la profondeur minimale est de 5 mm. Pour les joints de plus de 12 mm de largeur, la profondeur est au moins égale à la moitié de la largeur ;
avec les mastics plastiques de première catégorie, la profondeur minimale est de 8 mm. Si le joint a une largeur de plus de 16 mm, la profondeur est au moins égale à la moitié de la largeur.
La mise en oeuvre comprend :
le nettoyage systématique du joint, en éliminant tous les déchets obstruant le joint (poussières, salissures, graisses, produits de traitement divers, mortier provenant des joints courants, etc.) pour assurer une bonne adhésivité ;
la mise en place du fond de joint, matériau compressible maintenu en retrait du parement pour délimiter le volume du mastic ;
l'application éventuelle d'un primaire, fonction du mastic utilisé, de la nature du support et des conditions hygrométriques existant lors de la pose (influence de l'humidité des pierres) ;
la mise en place du mastic, en une ou plusieurs passes successives, son serrage (afin qu'il adhère bien aux lèvres du joint) et son lissage.